REGARDEZ MAIS NE TOUCHEZ PAS !
Article
publié dans la Lettre n° 374
du
17 novembre 2014
REGARDEZ MAIS NE TOUCHEZ PAS ! de
Théophile Gautier. Mise en scène Jean-Claude Penchenat avec Alexis
Perret, Damien Roussineau, Paul Marchadier, Samuel Bonnafil, Chloé
Donn ou Jeanne Cogny, Flore Gandiol, Sarah Bensoussan ou Judith
Margolin.
Sa bravoure l’a sauvée, et pourtant le jeune capitaine encourt la
mort ! Car on ne touche pas impunément au corps de la Reine d’Espagne,
même évanouie. Etiquette absurde, certes, mais prétexte jubilatoire
à une intrigue loufoque, dont s’empare Théophile Gautier pour un
inénarrable pastiche du drame romantique. C’est le neveu fanfaron,
Don Melchior, goinfre dispendieux et usurpateur d’héroïsme, qui
y campe un Ruy Blas décalé façon Matamore. Le vrai héros, Don Gaspar,
amoureux transi de la belle Beatrix, serait un Don Quichotte plein
de bon sens, la mutine Griselda, fille d’honneur de la Reine, ne
déparerait pas chez Molière. Le Comte de San Lucar est obséquieux
et couard à souhait, la Reine hautaine, mais fine mouche. Bref,
une « espagnolade » rieusement caricaturale, tracée à grands traits
de castagnettes, musiques de circonstance, casques d’alguazils,
hautes murailles en carton pâte, honneur chatouilleux et vertu sous
haute surveillance.
Quiproquos, mensonges, trahisons mènent la danse, sans surprise
quant au dénouement, rehaussés de duels désopilants, déclarations
enflammées, rodomontades de coqs de basse et haute cour.
Le coup de génie de l’auteur est d’avoir inventé le personnage du
témoin, metteur en scène, bruiteur, accessoiriste, figurant occasionnel,
Désiré Reniflard, tout un programme... Intemporel et complice avec
le public, tout autant qu’impliqué dans le déroulement de ce faux
drame en trois journées, il morigène les acteurs et donne à voir
et entendre, au sens propre, les artifices de mise en scène, à la
fois complètement réalistes et suggestifs, louche, sifflet, badine,
castagnettes et claquements de talons. Des effets très spéciaux,
en effet…
Dans cette chorégraphie souple et échevelée, les acteurs s’amusent
autant que les spectateurs, qui savourent la fascination enfantine
pour la cape qui vole et l’épée qui tue… pour de rire ! A.D.
Théâtre du Ranelagh 16e. Pour
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