RAVEL

Article publié dans la Lettre n° 361
du 9 décembre 2013


RAVEL de Jean Echenoz. Mise en scène Anne-Marie Lazarini. Avec Coco Felgeirolles, Michel Ouimet, Marc Schapira et Andy Emler ou Yvan Robilliard (piano).
Il est un musicien adulé des publics, qui partout l’acclament, et il lui reste dix années à vivre.
Ravel est à lui seul un clair-obscur permanent, souffreteux, hypocondriaque, narcissique, mais élégant jusqu’au maniérisme, mondain en traîne de son ennui, solitaire qui ne boude pas sa célébrité.
Compositeur inspiré aux aguets de toute modernité, il cache ses insuffisances d’interprète sous des poses d’esthète. Tabagique invétéré, il noie dans les fumées le vide croissant de sa solitude et de son absence aux autres et surtout à lui-même.
Croisière vers l’outre-Atlantique, croisière vers l’amuissement et le silence final.
Autour d’un Ravel plus vrai que nature -excellent Michel Ouimet-s’activent, virevoltent les fidèles de son entourage, prévenants, patients, compatissants. Fluides surtout.
La mise en scène, très inventive, confère à ce parcours apparemment biographique une légèreté, une fantaisie et une ironie distanciées, par modèles réduits évocateurs, tout en donnant à voir avec tendresse les ambiguïtés du musicien.
Dans un halo de bleu, le piano résonne des accords très ravéliens d’Andy Elmer et on embarque avec bonheur pour ce voyage complice. Théâtre Artistic Athévains 11e. AD.


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