QUATRE PIECES

Article publié dans la Lettre n° 302


QUATRE PIÈCES. Amour et piano / Un monsieur qui n’aime pas les monologues / Fiancés en herbe / Feu la mère de Madame, de Georges Feydeau. Mise en scène Gian Manuel Rau avec Anne Kessler, Laurent Stocker, Léonie Simaga, Christian Hecq.
Voici quatre petites pièces plus ou moins connues qui, basées sur le jeu du quiproquo ou les sentiments des personnages, donnent bien le ton des vaudevilles de Feydeau.
Arrivé de Toulouse il y a quinze jours, Edouard souhaite rencontrer la Dubarroy, une actrice assez en vue, pour l’introduire dans la bonne société parisienne. Il décide de lui rendre visite mais se trompe de pavillon et est reçu par Lucile, jeune fille de bonne famille qui, elle, attend son nouveau professeur de piano. Ernest, quant à lui, n’aime pas les monologues et s’en plaint amèrement, d’autant que sa femme rêve tout haut en dormant. Henriette et René sont des fiancés en herbe, même si la petite préférerait épouser son papa. L’idéal serait de se marier vite fait pour avoir la vie belle. Cela leur éviterait, entre autres, l’inconvénient d’avoir à apprendre les fables de La Fontaine dont le titre n’a aucun sens puisqu’on n’y parle que d’animaux et jamais de fontaines !
Lucien, pour finir, rentre à quatre heures du matin après avoir passer une soirée arrosée, déguisé en Roi soleil. Les jérémiades et remontrances de sa femme sont interrompues par l’arrivée d’un domestique qui annonce à celle-ci le décès de sa mère. Mais a-t-il bien choisi la bonne porte ?…
Méprises, mensonges, griefs sont quelques uns des subterfuges ou tracas conjugaux utilisés par Georges Feydeau pour divertir aux dépens des membres les plus représentatifs de la société de son temps. Il en dépeint la vie quotidienne avec un réalisme tout à fait réjouissant. Gian Manuel Rau s’empare avec délectation de ces quatre oeuvres qui présentent des personnages désenchantés, inquiets, voire désespérés ou au bord de la crise de nerfs. Il exploite de façon cocasse leur état d’esprit, enchaîne les actes sans pause, la musique faisant le lien entre eux. Sa mise en scène vive et sans apprêt permet aux comédiens d’interpréter les différents rôles avec un naturel confondant, passant par tous les états d’esprit en un clin d’oeil. Véritables caméleons, ils changent de rôle à chaque pièce avec une dexterité qui laisse pantois. On relèvera le talent de pianiste et de chanteuse de Léonie Simaga, l’éblouissante interprétation d’Anne Kessler dans deux rôles aux antipodes l’un de l’autre et le formidable talent de Laurent Stocker et Christian Hecq. Théâtre du Vieux-Colombier 6e.


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