PYGMALION
Article
publié dans la Lettre n° 254
PYGMALION de Georges-Bernard Shaw.
Adaptation Claude-André Puget. Mise en scène Nicolas Briançon avec
treize comédiens dont Barbara Schulz, Nicolas Vaude, Danièle Lebrun,
Henri Courseaux, Odile Mallet, Jean-Claude Barbier, Catherine Alcover,
Fleur Houdinière, Pierre-Alain Leleu.
Les décors sont vraiment dans le ton, tant les intérieurs qui vont
suivre que cette rue de Londres un soir sous une pluie battante,
c’est presque un pléonasme ! En sortant du théâtre, Mrs Eynsford
Hill et sa fille Clara se désespèrent de revoir Freddy, leur fils
et frère, parti à la recherche d’un taxi tandis que dans l’ombre
un petit groupe de mendiants demandent l’aumône. Non loin d’eux,
Eliza Doolittle, une jeune fille, la vingtaine et la langue bien
pendue, vend des fleurs. Le cheval de bataille, celui des inégalités
sociales chères au militant socialiste qu’était Georges-Bernard
Shaw, est en place. Apparaît alors Pickering, un spécialiste des
langues africaines, de passage à Londres afin de rencontrer Henry
Higgins, éminent linguiste qui justement sort lui aussi du théâtre.
Une conversation s’engage entre les différents personnages auquel
se mêle Eliza. Son aplomb et surtout la vulgarité de son langage
surprennent et amusent Higgins qui bien légèrement se vante de pouvoir
faire d’elle une lady en six mois avant de s’éclipser en compagnie
de Pickering à qui il a offert l’hospitalité. Le lendemain, la lady
en herbe est devant sa porte, bien décidée à recevoir des leçons.
Higgins tout d’abord réticent, se laisse convaincre par Pickering.
Il a six mois pour transformer Eliza. Mais survient le père Doolittle,
désireux de profiter de la situation.
Entre le pygmalion misogyne et, il faut le reconnaître assez mal
embouché, et la jeune fille des rues, la cohabitation va être explosive.
Mais Eliza est obstinée. Elle sait qu’elle tient là sa seule chance
de sortir de sa condition. Aidée par la solidarité féminine et affectueuse
de Mrs Pearce, la gouvernante de Higgins et de la sollicitude de
Pickering, elle va passer toutes les étapes avec succès. Six mois
plus tard, le pari est gagné. C’est une autre Eliza qui apparaît
dans le salon de Mrs Higgins mère, éblouissante dans sa robe blanche,
mais pour cette chrysalide transformée en papillon, il n’est plus
question de revenir en arrière, d’autant que son cœur est pris.
Audrey Hepburn, Julia Roberts et surtout Sophie Marceau qui, sur
les planches du théâtre Hébertot avait laissé un souvenir impérissable
(Lettre 75), bon nombre de comédiennes ont incarné le rôle
oh combien difficile d’Eliza. Barbara Schultz est à croquer dans
ce rôle offert sur un plateau par Nicolas Briançon dont l’excellente
mise en scène se joue de la durée de la pièce. Elle passe avec art
de la petite marchande crasseuse aux propos vulgaires à la parfaite
jeune fille du meilleur monde. Face à elle, Nicolas Vaude, célibataire
gâté et égoïste est amusant mais un peu excessif dans la goujaterie.
Il est secondé par Henri Courseaux, remarquable en colonel Pickering
et Odile Mallet, parfaite en gouvernante pincée mais avisée et humaine.
On savoure le talent de Danièle Lebrun, recevant petit doigt levé,
ainsi que celui de Jean-Claude Barbier qui campe un Alfred Doolittle
haut en couleur. Catherine Alcover, Fleur Houdinière, Pierre-Alain
Leleu tout comme les autres comédiens complètent agréablement la
distribution, offrant grâce à cette pièce inusable, un spectacle
de qualité. Théâtre Comedia 10e (01.42.38.22.22).
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