PSYCHÉ

Article publié dans la Lettre n° 362
du 30 décembre 2013


PSYCHÉ de Molière. Mise en scène et direction des chants Véronique Vella. Musique originale Vincent Delterme avec Claude Mathieu, Sylvia Bergé, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Jérôme Pouly, Laurent Natrella, Benjamin Jungers, Félicien Juttner, Jennifer Decker, Pierre Hancissse, Claire de la Rüe du Can, les élèves comédiens de la Comédie Française, et les pianistes Véronique Briel, Vincent Leterme.
Le théâtre a fermé ses portes après le départ du dernier spectateur. La petite servante de scène luit sur le plateau nu. Le pompier de service part faire sa ronde, un tour de deux heures et demie. Juste le temps pour qu’un petit monde sous-terrain monte sur scène et décide d’improviser une représentation, faisant revivre le monde merveilleux des dieux et des hommes, celui de l’Olympe et de la terre.
Psyché par sa beauté, fait tourner les têtes sans se préoccuper de l’amour qu’elle inspire, étant elle-même incapable de sentir battre son coeur. Les jeunes gens lui avouent leur flamme sans succès, ses sœurs en sont jalouses. Du haut de l’Olympe, Vénus enrage. Elle décide de se venger de n’être plus adorée des humains, sommant son fils Cupidon de prendre le cœur de Psyché. Elle arrache alors la jeune fille au monde des humains à la grande douleur du père de celle-ci. Mais Amour tombera lui aussi sous le charme…à la grande fureur de sa mère.
Cette comédie-tragédie-ballet est une commande du roi à Molière pour fêter la réouverture de la salle des machines du Palais des Tuileries. Un spectacle à la mesure de l’ampleur de cette salle où l’on joue, danse et chante et où le roi, surtout, paraît et se met en scène. Sept semaines pour créer l’œuvre ! Acculé, Molière frappe à la porte du vieux Corneille, quémandant son aide puis, en sa compagnie, à celle de Quinault, un acteur, afin d’écrire les airs et les paroles des chansons. L’œuvre à plusieurs mains est façonnée à la hâte, une œuvre de…cinq heures. Réputée injouable depuis sa création, certains se risquent à la monter mais par petits morceaux. Véronique Vella la remet sur le métier et se retrousse les manches. Elle coupe par-ci, taille par-là, et réduit la pièce à deux heures et demie, la débarrassant intelligemment des passages trop verbeux, des ballets trop pesants. Le plateau se pare de grandes toiles peintes représentant, entre autres, les personnages, travail plein de fraîcheur d’Anne Kessler. Les comédiens du Français savent décidément tout faire ! Eux-mêmes, somptueusement parés, jouent, dansent, chantent, passent sans peine apparente d’un air d’opéra à un numéro de claquettes. Un grand plateau rond et tournant relie le monde terrestre à l’Olympe. Les scènes se succèdent, comiques, lorsque les prétendants se bousculent ou quand les deux sœurs, assises sur un lit, grignotent des mendiants tout en rêvant de vengeance. Moment émouvant, lorsqu’en un court monologue, un père pleure le départ tragique d’une fille tendrement aimée. Scènes magiques et romantiques lorsque Zéphire sévit, lorsque Cupidon décoche ses flèches dont l’une, tel un boomerang, vient se planter dans son propre cœur… Le temps passe comme le vent. Tout ce petit monde émerveille sous les lambris, mais le veilleur réapparaît, sa tournée achevée. La réalité reprend ses droits. Comédie Française 1er.


Retour à l'index des pièces de théâtre

Fermez cette fenêtre ou mettez-la en réduction pour revenir à « Spectacles Sélection »