LA PROMESSE DE L’AUBE
Article
publié dans la Lettre n° 336
du
6 février 2012
LA PROMESSE DE L’AUBE de Romain Gary.
Adaptation et mise en scène Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco
avec Bruno Abraham-Kremer.
De quoi une mère est-elle capable lorsqu’elle nourrit pour son fils
unique et adoré une formidable ambition ? De quoi un fils est-il
capable pour ne pas décevoir cette mère-là ? « Tu seras ambassadeur
de France, c’est ta mère qui te le dit ! ». Cette prophétie, toute
sa jeunesse, ce fils tentera de la réaliser.
C’est la genèse d’une promesse que raconte Romain Gary dans son
roman, une promesse faite à l’aube de sa vie qu’il mettra un point
d’honneur à accomplir. Pourtant, pour mère et fils, le chemin de
la réussite est loin d’être tracé. D’origine russe et juive, Nina
Borisovskaia, élève seule son fils Romain Kacew. Quittant Wilno,
elle se fixe à Nice, ayant pour la France une admiration sans limites.
Elle résout tous les problèmes et se sort des pires situations avec
une énergie hors du commun et un formidable à propos, tellement
convaincue du génie de Romain qu’elle le met même parfois en danger.
Adulé comme personne, le jeune homme prend son envol, part pour
Paris étudier le droit. Pas à pas, il accomplit ce qu’Elle attend
de lui. Capitaine de l’armée de l’air après avoir rejoint Londres
au début de la guerre, il reçoit même la croix de la libération.
Une licence en droit en poche, un roman publié en français et en
anglais et un poste de secrétaire d’ambassade, il court partager
sa réussite avec l’auteur de ses jours à Nice, où l’attend une ultime
et extraordinaire preuve d’amour … Il poursuit ensuite sa vie d’homme.
Des femmes traversent son destin. Il multiplie les casquettes professionnelles,
les romans se succèdent. Une dernière pirouette, aussi inattendue
que géniale, lui permet d’obtenir deux fois le prix Goncourt.
Comment sortir indemne d’une telle éducation et d’un tel amour ?
Une femme peut-elle rivaliser avec cette mère unique, et s’approprier
le cœur qui n’a battu que pour elle, seule véritable femme de sa
vie ? « Il n’est pas bon d’être trop aimé ». Là fut la force mais
aussi la faiblesse de Romain Gary, cet amour inconditionnel mais
peut-être trop intense. Comment Nina Borisovskaia aurait-elle réagi
en voyant Romain Gary renoncer ainsi à la vie qu’elle lui avait
donnée et insufflée ?
Sa réputation d’admirable conteur précède Bruno Abraham-Kremer.
Il s’empare de ce roman comme s’il en était l’auteur et raconte
avec passion la vie de son héros, page après page, sans rien oublier.
Tout d’abord assis au bord de la mer puis arpentant la scène puis
de nouveau au bord du rivage, ce formidable comédien se met en scène
avec subtilité. Exploitant avec art les bruitages et le savant éclairage,
il captive littéralement un auditoire suspendu à ses lèvres. Théâtre
du Petit Saint-Martin 10e.
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