LE
PRINCE DE HOMBOURG
Article
publié dans la Lettre n° 240
LE PRINCE DE HOMBOURG de Heinrich
Von Kleist. Traduction et mise en scène Daniel Mesguich avec treize
comédiens dont Alexandre Ferrier, Xavier Gallais, Jean-Louis Grinfeld,
Claudie Guillot, Philippe Maymat, William Mesguich, Elsa Mollien,
Philippe Noël, Thibault Vinçon.
Dans l’herbe verte du parc, le Prince de Hombourg s’est endormi.
Il fait des rêves de gloire, rêves prémonitoires où il se voit décoré.
A son réveil, il trouve un gant à ses côtés, celui d’une main féminine.
Il est à la veille de la bataille de Fehrebellin contre les Suédois,
mais le prince écoute distraitement la stratégie dictée, trop occupé
à observer sa cousine Natalie qui curieusement cherche son gant.
Les rêves de gloire rejoignent ceux de l’amour, son coeur est pris.
Lors de la bataille, le prince, emporté par la fougue de la jeunesse,
oublie l’ordre donné et attaque sans avoir attendu le signal. La
bataille est gagnée, on le félicite, mais il n’a pas respecté l’ordre,
il est donc emprisonné et condamné à mort. Natalie, princesse d’Orange,
amoureuse de ce cousin, orphelin comme elle, va tout entreprendre
pour faire fléchir son oncle, l'Electeur de Brandebourg. Elle obtient
une grâce particulière: celle pour le prince de choisir lui-même
la vie ou la mort.
Les malheurs de sa patrie occupée ont inspiré à Heinrich Von Kleist
deux drames patriotiques dont celui-ci. Mais en cherchant à donner
à son pays l’image d’un héros libérateur, il brosse le portrait
d’un jeune homme exalté, rebelle et rêveur. Le traducteur et metteur
en scène a devant lui bon nombre de thèmes: un réquisitoire contre
le despotisme ou un plaidoyer pour l’état militaire, une peinture
complexe des personnages: un grand Electeur qui renonce au châtiment,
mais... un jeune prince qui se soumet mais...
Le Prince de Hombourg a été monté dans diverses traductions,
par Alexander Lang à la Comédie Française, par Karge et Langhoff,
et l’on ne peut oublier la mise en scène de Jean Vilar en 1951 avec
Gérard Philipe dans le rôle titre.
Nul n’ignore la prédilection de Daniel Mesguich pour triturer les
textes, se les approprier et les mettre en scène avec exubérance,
les parsemant d’anachronismes amusants, de jeux de scène dont il
a le secret, les balayant de jeux de lumières judicieusement précis.
Il s’agit là d’apprécier ce spectacle avec un regard neuf et de
se laisser entraîner par l’interprétation personnelle qu’en fait
le metteur en scène. Il faut sans doute aussi laisser les mythes
là où ils se trouvent, même s’ils sont chers à nos coeurs. Le Prince
de Hombourg est « un héros romantique qui se transcende », un rôle
de choix pour Alexandre Mesguich qui l’endosse avec une remarquable
présence, de la prestance, du panache et une excellente diction.
Il est accompagné par une brillante distribution, les décors servent
joliment la mise en scène et les costumes sont somptueux. Daniel
Mesguich est un aventurier du texte, on apprécie ou on s’abstient
! Théâtre de l’Athénée 9e.
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