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            POUR L'AMOUR DE GÉRARD PHILIPE
              
            Article 
              publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 
              323 
              du 
              28 février 2011 
             
            POUR L'AMOUR DE GÉRARD PHILIPE de 
              Pierre Notte. Mise en scène, scénographie et musiques Pierre Notte 
              avec Bernard Alane, Roman Apelbaum, Sophie Artur, Emma de Caunes, 
              Raphael. 
              Leur premier enfant va naître et les Gérard se disputent déjà. Pas 
              de doute pour le futur père, c'est un garçon, il l'appellera Charles 
              comme le grand de Gaulle. Ire de la mère. Si c'est un garçon, elle 
              l'appellera Philippe et il deviendra aussi célèbre que le grand 
              Gérard Philipe ! C'est un garçon mais l'enfant naît « imparfait 
              ». La mère se lamente, le père la console car «il peut 
              arriver aux enfants nés de l'amour parfait, il peut arriver qu'ils 
              soient imparfaits». 1959. En janvier, Fidel Castro pénètre 
              dans la Havane, la mère exulte. En novembre, elle s'effondre: «son 
              beau prince d'Avignon s'en est allé». Mais elle se persuade 
              qu'un jour, sur les affiches, elle reverra scintiller le nom chéri… 
              grâce à son fils. Le père disparait, l'enfant grandit, devient le 
              contraire de ce que l'on exigeait de lui. Puis un beau jour, il 
              déserte le foyer, emportant dans sa besace un trésor. Ses pas croiseront 
              ceux d'un patron de cirque et son infirmité deviendra alors la source 
              de son génie. Le plateau est nu, espace libre sur lequel repose 
              une estrade. En toile de fond, Crewer a très joliment dessiné les 
              personnages. Puis ceux-ci s'effacent pour laisser la place aux comédiens. 
              Matérialisant les décors, ils passent avec dextérité d'un endroit 
              à l'autre, cuisine, cimetière, route, chapiteau, chapelle, prison, 
              éclairés par la magie des lumières et des projections qui suggèrent 
              les différents lieux. Les époques se succèdent, le parcours du jeune 
              homme se fond dans celle de notre histoire.  
              Auteur, metteur en scène, scénographe, musicien, Pierre Notte possède 
              tous les dons. L'écriture de sa pièce au ton poétique, lyrique ou 
              provocateur, ponctuée de chansons, expose entre humour et émotion 
              les rapports difficiles entre les êtres et le problème de l'identité. 
               
              Sur scène, les comédiens jouent, chantent et enchantent grâce à 
              une multitude de gags et d'effets visuels singuliers. Raphael est 
              le comédien idéal pour incarner brillamment ce jeune homme imparfait, 
              introverti et lunaire qui peu à peu naît véritablement à la vie. 
              Emma de Caunes, Bibi Vogler, à la fois forte et sensible, lui donne 
              la réplique, le ton juste. Sophie Artur et Romain Apelbaum, remarquables, 
              forme un couple atypique. Bernard Alane incarne à la fois un narrateur 
              et un patron de cirque réjouissants.  
              Les spectateurs, emportés pour certains dans une époque qui fut 
              la leur, suivent leurs aventures en savourant les dialogues d'un 
              spectacle au talent inventif éclatant. Théâtre La Bruyère 9e. 
             
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