POUIC-POUIC

Article publié dans la Lettre n° 340
du 30 avril 2012


POUIC-POUIC de Jacques Vilfrid avec la collaboration de Jean Girault. Adaptation Lionnel Astier et Stéphane Pouplard. Mise en scène Lionnel Astier et Nathalie Grandhomme avec Valérie Mairesse, Lionnel Astier, Éric Berger, Rachel Arditi ou Julie Jacovella, David Saada, Bénédicte Dessombz, Alexandre Jazédé.
Léonard Monestier, redoutable homme d’affaires, n’a qu’une faiblesse, sa femme Jacqueline. Elle est charmante Jacqueline, mais il lui vient parfois des idées bizarres. Avoir adopté par exemple, pour animal de compagnie, un coq qui répond au nom de Pouic-Pouic. Pouic-Pouic a bien l’honneur de voir son nom attaché au titre de la pièce mais son personnage se limite à quelques facéties comme celle d’entrer dans les placards de la cuisine pour en sortir toute la vaisselle, rôle mineur sauf pour Charlotte, la bonne, qui ne sait pas si elle va pouvoir « continuer de supporter tout cela ». Elle pensait que l’absence pour quelques jours de ses patrons lui permettrait de souffler, elle qui ne se remet pas du départ de Paul, le fils de la famille. Trop câlin avec Charlotte et grand collectionneur de bêtises, son père l’a prudemment envoyé en Amérique du sud.
Et voici que mademoiselle Patricia, la fille, vient de lui annoncer son mariage avec Simon Guilbow et par conséquent son installation dans la maison. Simon est surpris lui aussi. Employé chez un concessionnaire de voitures, il passait simplement déposer un cadeau destiné à mademoiselle Monestier de la part d’Antoine Brevin, quadragénaire fortuné et amoureux transi de Patricia mais perpétuellement éconduit. La jeune fille voulant définitivement se débarrasser de ce pot de colle a « engagé » Simon et inventé ce mariage. Léonard et Jacqueline rentrent. Il va sans dire que l’annonce de l’union de leur fille les surprend, Léonard surtout, lorsqu’il considère le teint très bronzé, voire très foncé, de son gendre. « Pour ce qui est de l’étonnement, je préfère dire à monsieur que monsieur n’est pas au bout », lui confie Charlotte.
En effet, sa tendre épouse n’a pas oublié le jour de son anniversaire. Souhaitant lui offrir un cadeau digne de son amour, elle a vendu quelques actions en imitant sa signature et lui a acheté une mirifique concession sise dans le fin fond du Vénézuela, en territoire indien, au sous-sol paraît-il bourré de pétrole ! Pas du tout convaincu, Léonard décide de fourguer immédiatement la concession au premier gogo de passage. Antoine, par exemple, qui ne peut rien lui refuser s’il lui donne la main de Patricia. Il fait son affaire de son « gendre » qu’il parvient non sans quelques mensonges à faire passer pour Paul, rentré du Venezuela, avec l’emplette en question et qu’Antoine ne connaît pas. Mais Paul choisit justement ce moment pour refaire surface, accompagnée d’une superbe hétaïre dotée d’un accent sud-américain très prononcé...
Lionnel Astier cumule les casquettes d’adaptateur, de metteur en scène et de comédien. Revisiter cette comédie désopilante créée au début des années 50, était une excellente idée. L’adapter en la situant au début des années 70, en plein choc pétrolier, est un vrai bonheur. Le décor, dans le ton de l’époque, et la profusion des costumes, apportent un plus non négligeable. La mise en scène survoltée stimule l’intrigue aux rebondissements incessants et relève une suite ininterrompue de dialogues délicieusement cocasses. Le choix de Valérie Mairesse pour le rôle de Jacqueline va de soi. Son indéniable présence et son naturel confondant, la rendent particulièrement irrésistible dans le rôle en or de Jacqueline qu’elle exploite à ravir. Lionnel Astier, excellent Léonard, et les autres comédiens, se donnent tout autant. Ils offrent au public conquis un divertissement de bon aloi. Bouffes Parisiens 2e.


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