LE PORTEUR D’HISTOIRE

Article publié dans la Lettre n° 343
du 24 septembre 2012


LE PORTEUR D’HISTOIRE. Texte et mise en scène Alexis Michalik avec Amaury de Crayencour, Evelyne El Garby Klai, Magali Genou, Eric Herson-Macarel, Régis Vallée.
Majuscule !
Une histoire est racontée, petit h ou grand H ? Un véritable incunable, comme aux premiers temps de l’imprimerie, comme aux premières fébrilités des feuilletons, comme aux premiers émois de la rencontre amoureuse, ce livre des fidélités où tout commence. Et quand l’Histoire, avec une majuscule, s’en mêle et tisse et emmêle les fils minuscules, on trépigne d’impatience. Pas plus qu’Alia, on ne laissera s’escamoter cet homme porteur d’une mémoire mouvante, fluide et glissante. Qui est Martin, qui est Henri, et ce père fouineur de légendes ? Mais serait-ce une légende, une fable, un roman, ou encore une parabole, un emboitement de récits, un feuilleton à rebondissements multiples ? Adélaïde, Dumas, Delacroix, le trésor enfoui, les Lysistrates, combien d’autres péripéties qui suspendent l’haleine dans l’humidité sombre des Ardennes et coupent le souffle au cœur du désert lumineux d’Algérie… Les carnets sont perdus, la mémoire les ressuscite, la tapisserie des hommes se brode et s’épanouit dans l’entrelacs de leurs amours, des croisades et des révolutions, des faux pouvoirs et des vraies grandeurs. En témoigne le tableau noir fébrilement rempli et si vite effacé… un peu de craie, des gribouillis, une éponge. La mise en scène sur un plateau quasi désert contribue à la jubilatoire confusion des genres, des acteurs, des époques, des récits. Aucun des cinq acteurs, - virevoltants et… protéiformes, c’est le mot -, n’autorise le figement des rôles. Seules leurs vêtures successives et constamment modifiées leur attribuent la posture de l’instant. Les livres sont virtuels et pourtant si tangibles, l’avion s’envole, le voilier s’éloigne, la tombe livre ses secrets.
On ne doit jamais cesser d’aimer… les livres, les histoires, les concocteurs de rêves, les porteurs d’histoire, les amours fidèles, le savoir source de vie. Si les histoires ne sont que des mots, du vent, de l’air en vibration, alors le public écoute avec délectation, s’envole dans un vent de rires et d’émotions, et vibre, vibre, vibre… A.D. Théâtre 13 13e.


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