LA PORTE
Article
publié dans la Lettre n° 326
du
2 mai 2011
LA PORTE d’Antoine Séguin. Mise en
scène Antoine Séguin avec Antoine Séguin, Sophie Gourdin, Elrik
Thomas.
Qui ne connaît pas l’incontournable dramaturge allemand Klaus Von
Krups, disparu prématurément ? Viktor Schnaps, bien sûr, ne fait
pas partie de ces ignorants ! Metteur en scène dans le vent, il
a monté l’une de ses œuvres posthumes « Die Tür » (La porte),
celle qui a permis à l’auteur d’atteindre la plénitude de son
art. La pièce est en pleine tournée mais Viktor est aux abois.
Pour un obscur problème de perruque, il se voit contraint de remplacer
au pied levé le comédien qui joue le rôle important du majordome
de la Baronne Von Richthofen, dont le fils n’est autre que le célèbre
Baron Rouge. Pôle emploi, appelé à la rescousse, lui a trouvé un
remplaçant. Mais Déborah Bernhardt, l’actrice principale du spectacle,
égérie d’un théâtre dit « intellectuel », a une très haute
idée de sa notoriété et refuse de donner la réplique à un intermittent
envoyé par ce Monsieur Paul Emploi dont la réputation lui est parfaitement
inconnue. Une hausse conséquente de son cachet lui remet les idées
en place.
Mais le répit de Viktor est de courte durée. Anatole Bigorniou,
l’intermittent annoncé, arrive enfin. Sa sœur, salariée à Pôle emploi,
lui a conseillé d’accepter cet emploi de comédien, plus valorisant
selon elle, que celui d’expert en farces et attrapes, même s’il
excelle dans ce métier. Nouvelle ire de Déborah, de plus en plus
vexée… Viktor a bien du mal à la calmer d’autant qu’elle a perdu
son chien. Pressé de faire répéter son rôle au remplaçant avant
la représentation du soir, le metteur en scène est en nage lorsque
son portable sonne. Le chauffeur du car qui amène le décor et le
reste de la troupe, une douzaine de comédiens du troisième âge,
s’est embourbé sur une route enneigée et venteuse de l’Hexagone.
La porte de la régie est coincée et l’humeur de l’assistante qui
cumule les emplois d’éclairagiste et de bruiteuse, s’en ressent.
Anatole, ravi de son emploi, est pourtant décidé à se surpasser.
Ce ne sont pas les solutions qui manquent pour remplacer le décor,
donner la réplique et combler les rôles des douze comédiens en perdition.
Cependant, Déborah a l’intuition qu’ils ne vont pas y arriver
et cherche toujours son chien. Viktor, quant à lui, a tendance à
noyer ses soucis dans l’alcool…
Cette comédie n’a d’autre but que celui de mettre à mal les zygomatiques
du spectateur le plus blasé. Antoine Seguin fourmille d’idées toutes
plus loufoques les unes que les autres, les comédiens sont épatants,
que demander de plus ? Ne boudons pas ce plaisir, la plus perdue
de toutes les journées est celle où l’on n’a pas ri. Théâtre
La Bruyère 9e. Lien : www.theatrelabruyere.com.
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