PIERRE
ET FILS
Article
publié dans la Lettre n° 262
PIERRE & FILS de Pierre Palmade et
Christophe Duthuron. Mise en scène Christophe Duthuron avec Pierre
Richard, Pierre Palmade.
Pour un directeur de supermarché, prendre un client en flagrant
délit de vol n’a malheureusement rien d’exceptionnel par les temps
qui courent. Mais lorsque ledit client s’avère être son propre père,
il est surpris, voire décontenancé. C’est ce qui arrive à Pierre
Malaquet lorsque le voleur, confortablement installé dans son bureau,
lui explique calmement, permis de conduire à l’appui, qu’il est
l’auteur de ses jours. Pierre Malaquet! Le nom est bien celui du
document officiel et ce n’est pas un synonyme. Pierre Malaquet fils
considère donc Pierre Malaquet père avec stupeur, ce père qu’il
n’a jamais connu et qui lui tombe tout à coup du ciel ou de l’enfer,
allez savoir. Provincial et un peu coincé, Pierre Malaquet fils
n’en est pas moins humain. C’est Noël, il fait un froid à ne pas
laisser dormir dehors un géniteur. Il l’emmène donc chez lui, se
demandant comment le présenter à Anna, sa tendre épouse avec laquelle
il partage une vie sans nuages depuis quinze ans. Les jours suivants,
pendant que le fils tente de gérer au mieux cette situation aussi
nouvelle que délicate, le père, lui, s’attache au supermarché, à
Solange la caissière, à sa belle-fille et bien sûr à son fils… Il
voudrait rattraper le temps. Entre les fêtes de Noël et de jour
de l’an, la partie de pêche et la promenade au zoo, la partie pourtant
est loin d’être gagnée, même s’il s’invente un passé flatteur pour
amadouer son rejeton.
Une rencontre théâtrale entre Pierre Richard et Pierre Palmade était
incontournable et l’on se demande bien pourquoi elle n’a pas eu
lieu plus tôt ! Christophe Duthuron et Pierre Palmade, ont bouclé
l’histoire en quelques semaines, à l’image de la rencontre Palmade-Laroque
dans « Ils s’aiment» et « Ils se sont aimés». Ils
ont imaginé dix tableaux, sous forme de saynètes, avec personnages
fictifs et décors suggérés. Grâce à une mise en scène dynamique,
nos deux compères bavardent, s’amusent, se disputent, se fâchent
et se réconcilient, traversent les lieux et le temps, faisant fi
des unités chères au théâtre. Les répliques fusent, langage léger
et familier mais chargé d’humour, de tendresse et d’émotion. Ils
s’entendent comme larrons en foire pour divertir un public conquis
d’avance par leur charme, leur charisme et leur métier. Théâtre
des Variétés 10e.
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