LE PÈRE

Article publié dans la Lettre n° 345
du 29 octobre 2012


LE PÈRE de Florian Zeller. Mise en scène Ladislas Chollat avec Robert Hirsch, Isabelle Gélinas, Patrick Catalifo, Éric Boucher, Sophie Bouilloux, Élise Diamant.
Déambulant dans son appartement, André rumine et tempête. Décidément, Anne est complètement folle. Lui imposer ainsi quelqu’un chez lui qui, en plus, lui vole sa montre ! Mais de quoi se mêle-t-elle ? C’est tout à fait sa mère… Aussi bête. Comment se fait-il d’ailleurs que Louise ne vienne plus le voir ? Elle était sa fille préférée. Elle au moins était intelligente, une artiste ! Les choses ne sont plus à la même place, les meubles disparaissent et puis, qui est ce Pierre ? Anne n’a-t-elle pas dit qu’elle allait rejoindre à Londres son nouveau compagnon ? Réalité, rêve, cauchemar, tout se mélange dans la tête d’André, au grand désespoir de sa fille qui a de plus en plus de mal à supporter ce père qu’elle aime mais qui devient insupportable. Pourtant la dégénérescence est là et la chute inexorable.
La pertinence des écrits de Florian Zeller impressionne toujours. La description qu’il fait ici des relations parents enfants, à une période particulièrement pénible de la vie, frappe par sa lucide exactitude. Le spectateur suit, comme s’il était dans sa tête, les pensées et les angoisses d’un homme qui perd peu à peu ses repères et s’éloigne de la réalité.
Ladislas Chollat auteur et metteur en scène remarqué de la pièce « Je ne serai pas au rendez-vous » (article publié en exclusivité sur le site Internet), se joue de la même manière des multiples petites scènes qui se succèdent. Robert Hirsch, fulgurant André, incarne le rôle d’un homme de son âge. Il exprime tout à la fois. Il se fait râleur, bougon, égoïste, méchant, accable sa fille de reproches, tout en se rendant, en fin de compte, terriblement malheureux. Il est facile de s’identifier à Isabelle Gélinas, fille aimante touchante, affligée d’un pénible complexe de culpabilité à l’idée de bousculer la vie de ce père si longtemps admiré, souffrant de le voir décliner, se voulant conciliante, patiente, mais terriblement blessée par les mots qu’il lui assène. Une pièce très émouvante sur un sujet malheureusement d’actualité auquel tout un chacun a été, est ou sera un jour ou l’autre confronté. Théâtre Hébertot 17e.


Retour à l'index des pièces de théâtre

Fermez cette fenêtre ou mettez-la en réduction pour revenir à « Spectacles Sélection »