LA PATIENCE DES BUFFLES

Article publié dans la Lettre n° 306

LA PATIENCE DES BUFFLES de David Thomas. Adaptation et mise en scène Julien Sibre avec Marc Boittiau, Raphaël Cohen, Stéphanie Hédin, Sandra Valentin.
Il y a la nunuche, qui clame, tout en redemandant, la souffrance de trop aimer. Il y a son Armand, si amoureux, conscient toutefois de toutes les raisons de ne pas la supporter, dont il fait un catalogue désopilant et tendre. Elle le trompe, il surprend les amants, le couple se sépare. Elle le supplie… de l’aider à partir ! Et pourtant… il reprendrait à l’instant cette vaudevillesque existence à deux. Il y a le voisin falot, qui se croit irrésistible, même lorsqu’il s’emmêle les pieds dans un caleçon peu seyant. Matamore presque attendrissant dans sa médiocrité, il séduit pourtant et sera fauteur de rupture. Il y a la nymphomane de service, pulpeuse à souhait, sans complexe ni vergogne. Qui déguste sa solitude enfin retrouvée, le temps… de croiser son voisin de palier. Qui numérote sa collection d’amants, se lance dans les statistiques futures de sa vie amoureuse et cependant survivra mal à sa dernière liaison. Quatre personnages englués dans la banalité du quotidien, dans leurs amours souvent dérisoires, dans leurs vies si prévisibles.
De l’excellent livre de David Thomas, qui cheminait en courts monologues alternés, il s’agissait, dans un florilège recomposé, de donner la matière de dialogues en chassés-croisés. Ainsi se tissent des vies entrevues, incarnées par des acteurs pleins de tendresse, d’une émotion simple. Et les rires fusent, spontanés et étonnés devant cette vie qui va… La leur, la nôtre aussi, si évidente et patiente sous la pluie de nos orages. La Manufacture des Abbesses 18e. A.D.

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