PARTIE EN GRÈCE
Article
publié dans la Lettre n° 387
du
26 octobre 2015
PARTIE EN GRÈCE de Willy Russell. Mise en scène Marie-Pascale Osterrieth avec Valérie Mairesse.
Dans la cuisine banale qui constitue son seul univers, Solange Rossignol parle au mur de ses confidences. Comment ne pas soliloquer en effet, quand on est nantie d’un mari sans défaut puisque sans qualités, d’un fils qui se prend pour un troubadour maoïste, d’une fille immature ? Le quotidien se décline ainsi sans véritable amertume, mais dans la conscience que la vie n’apporte que son lot de déceptions sans ampleur. Sauf si la meilleure amie entrouvre la porte d’un espoir de lumière et d’inédit. Alors Solange rêve d’abord avec timidité, puis hésite, interroge le mur, essuie le flot d’égoïsme de la fille et la virulence verbale de l’époux privé d’entrecôte. Elle découvrira, amusée et séduite sans trop d’illusions, que son corps n’est pas seulement un objet encombrant et fané, qu’elle peut être visible pour d’autres, simplement charmante et joyeuse. Libre d’elle-même en somme…quitte à se trouver un autre rocher de confidences.
Valérie Mairesse campe une quinquagénaire, entre petits complexes et opulence épanouie, rieuse et gouailleuse. Trois actes, trois lieux, qu’elle occupe sans temps mort, trois états d’une femme diserte et attachante, dont le panache, au-delà de la médiocrité revisitée, réside dans l’humour, la lucidité et le vrai courage, celui des décisions sans paillettes, mais vitales.
Laissons-nous aller au chant du rossignol… A.D. Théâtre La Bruyère 9e.
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