OUBLIER
Article
publié exclusivement sur Internet
entre
les Lettres n° 178 et 179
OUBLIER de Marie Laberge. Création.
Mise en scène Daniel Benoin avec Catherine Ferran, Claude Mathieu,
Cécile Brune, Laurent d'Olce, Claudie Guillot.
Juliette a donné le jour à quatre filles, Jacqueline, Judith, Joanne
et.... Micheline. Aujourd'hui atteinte de la maladie d'Alzheimer,
elle ne les reconnaît plus. Jacqueline s'occupe d'elle avec l'abnégation
et le dévouement que lui confère son statut d'aînée, avec le concours
de Micheline. Mais, celle-ci, victime d'un accident, a perdu la
mémoire. Entre les soins apportés à sa mère et l'amnésie de sa soeur,
Jacqueline n'en peut plus. Un soir d'hiver, alors que la neige bloque
routes et issues, elle réunit Judith et Joanne pour un conseil de
famille. Ce huis-clos nocturne va être le théâtre de disputes, de
reproches et de griefs, fruits d'un désespoir latent et longtemps
occulté et mettre en lumière un passé qu'elles ont tenté d'oublier
et qui se révèle responsable de l'échec de leur vie présente. Pour
renaître à la vie, il va leur falloir apprendre à mourir.
Marie Laberge, de nationalité québécoise, est dans son pays, un
auteur important dont le talent est reconnu. Parmi la vingtaine
de pièces qu'elle a écrites, deux ont connu une carrière parisienne:
l'Homme gris et Le Faucon. Oublier, pièce écrite en 1985, fut créée
à Montréal en octobre 1987 et un mois plus tard au Théâtre National
de Belgique, sous la direction et dans une mise en scène de Jean-Claude
Drouot. C'est l'histoire simple d'un amour sans écho, celui de quatre
filles qui l'ont vainement cherché chez leur mère. Affectivement
délaissées, elles ont décidé d'oublier pour continuer de vivre.
Mais cette absence d'amour a ouvert une brèche et créé une profonde
détresse qui a pris une dimension différente selon le caractère
de chacune.
C'est un regard lucide et sans concession que Marie Laberge porte
sur l'amour refusé à l'enfant par sa génitrice et sur les conséquences
que ce refus implique chez les filles de Juliette. Les portraits
d'une précision presque clinique qu'elle brosse, sont d'un tel réalisme
qu'ils semblent avoir été inspirés du vécu. Daniel Benoin, dans
une mise en scène mobile et très dynamique, permet aux quatre comédiennes
d'exprimer pleinement la désillusion de l'attente vaine, le désespoir
puis la révolte qui composent les principaux sentiments qui animent
leur personnage. Il est rare qu'une interprétation atteigne un tel
niveau de perfection. Catherine Ferran, Claude Mathieu, Cécile Brune
et Claudie Guillot sont époustouflantes. Théâtre du Vieux-Colombier
6e (01.44.39.87.00 ou 01.44.39.87.01).
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