ON NE SE MENTIRA JAMAIS !

Article publié dans la Lettre n° 379
du 2 mars 2015


ON NE SE MENTIRA JAMAIS ! de Eric Assous. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Fanny Cottençon, Jean-Luc Moreau et la participation exceptionnelle de Marie Bénédicte Renoir.
« On ne se mentira jamais » ! Ah la grande phrase, credo des premiers émois ! Vingt-cinq ans plus tard, il semble que Serge et Marianne y croient encore, agréablement surpris par la complicité et l’harmonie qui règnent dans leur couple. Un banal accrochage met cette belle entente à l’épreuve. La voiture de Marianne est heurtée par celle d’un futur papa pressé d’emmener son épouse à la maternité. En lisant le patronyme peu commun sur sa carte de visite, Marianne fait tout de suite le rapprochement entre ce Monsieur Clébard et une certaine Sophie du même nom, très jolie jeune femme, voisine de Serge avant leur mariage. Taraudée par la curiosité, Marianne téléphone au conducteur maladroit. Il confirme connaître Sophie, qui n’est autre que sa cousine, répond à la question de Marianne : «Oui, Sophie est toujours aussi belle !» et, pour le cas où, demande les coordonnées téléphoniques de Serge. Sophie téléphone dès le lendemain. Malgré la vive réticence de son mari, Marianne insiste pour l’inviter à dîner. Étant donné la beauté annoncée, l’attente est palpable. Comment est-elle ? Le temps a-t-il eu prise sur elle après ces vingt-cinq ans ? Alors qu’ils s’impatientent, telle l’Arlésienne, la jeune femme se désiste au dernier moment… Quelle déception !
La célèbre maxime : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux », nous convainc que si se connaître soi-même n’est pas toujours simple, connaître l’autre reste du domaine de l’impossible. C’est pourquoi les femmes sont dotées de ce fameux sixième sens qui fait des ravages lorsque la curiosité s’en mêle et c’est le cas de Marianne ! Lorsque l’homme devient dissimulateur, menteur et lâche, la femme le sent et les questions fusent. Marianne devient inquisitrice, raisonneuse, terriblement logique. Serge élude, répond à côté, se coupe et finit par se rendre. Il sort alors sa dernière arme. Marianne y résistera-t-elle ?
Fin psychologue, Eric Assous affine encore sa profonde connaissance des relations humaines. Il décrit avec perspicacité ces discussions destructrices qui mènent tant de couples vers la violence ou la séparation. Les répliques font mouche, une manne pour Jean-Luc Moreau dont la mise en scène inventive captive un public ravi. Fanny Cottençon est adorablement insupportable avec ses questions insidieuses. Jean-Luc Moreau est divin, en mari totalement désarmé face à tant d’acharnement. Théâtre La Bruyère 9e.


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