LA NUIT D'ELLIOTT FALL
Article
publié dans la Lettre n° 320
du
27 décembre 2010
LA NUIT D’ELLIOTT FALL de Vincent
Daenen. Musique Thierry Boulanger. Mise en scène Jean-Luc Revol
avec Denis d’Arcangelo, Sinan Bertrand, Christine Bonnard, Olivier
Breitman, Flannan Obé, Sophie Tellier.
Moon Island, une nuit de tempête, une mort imminente. Celle de Mimi,
la fille chérie de la richissime Comtesse Von Leska, qui tenterait
tout pour la sauver. Quitte à prêter foi à un vieux grimoire…
En filigrane, de sombres histoires d’un héritage que guette l’infâme
Lovejoy. Et le Grand Guignol commence…
Cette « Laide au Bois Dormant » que seul sauverait le baiser, avant
l’aube, du mystérieux Elliot Fall, gît sur un lit à la floraison
envahissante. Le médecin à son chevet a des allures de mage gothique.
Préciosa, la suivante de la Comtesse envoyée en ambassade auprès
de cet Elliot Fall, est un avatar de sorcière aux pouvoirs déliquescents.
Lovejoy, le grand méchant, ne recule devant aucun meurtre diaboliquement
dégusté.
Ah cette folle nuit des Rêves Perdus, que viennent hanter Trois
Petits Cochons fourgues de drogue dans leur dancing louche, un Loup
dragqueen aux quenottes aussi acérées que ses talons aiguilles,
une Cendrillon érotomane que la vue d’une chaussure plonge dans
l’orgasme, une sorcière en odeur de sainteté et si peu repentie
! Et deux ours improbables geignent au milieu d’un cimetière étrangement
prophétique. Et le Petit Chaperon Rouge, rebaptisé Scarlett, est
lascif à souhait.
Qu’il est semé d’embûches le parcours quasi initiatique de Préciosa,
inénarrable Denis d’Arcangelo, et du trouble sauveur éventuel, Elliot-Flannan
Obé !
Le méchant est vraiment méchant et Olivier Breitman lui prête son
jeu sardonique à souhait. Sinan Bertrand, souple et gothique, montre
avec brio toutes ses facettes. Christine Bonnard passe sans douleur
de l’agonie au rire ensorcelant.
Dans un rythme échevelé s’enchaînent chansons délirantes, claquettes
désopilantes, et même un éblouissant striptease du Petit Chaperon
Rouge, où Sophie Tellier excelle.
Une quête du Graal revue et corrigée par Tex Avery… pour un final
à rebondissements.
Cette folle nuit laisse le public sans forces, sinon celle de redoubler
d’applaudissements. Vingtième Théâtre 20e. A.D.
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