NINON LENCLOS OU LA LIBERTÉ
Article
publié dans la Lettre n° 356
du
17 juin 2013
NINON LENCLOS OU LA LIBERTÉ de Hippolyte
Wouters. Mise en scène Cyrielle Clair avec Cyrielle Clair, Pauline
Macia, Sacha Petronijevic, Sylvain Clama.
Ninon de Lenclos était mutine. La Veuve Scarron, alias Françoise
D’Aubigné, future Marquise de Maintenon, s’attelait à la conquête
du pouvoir. L’une régna en toute lumière sur les corps et les esprits
d’une cour d’amants, l’autre se fit éminence grise de son Roi Soleil.
Elles se disaient amies ? Voire… Au soir de sa vie, les charmes
de la pulpeuse Ninon suscitent encore les émois, même si le soupirant
est homme d’Eglise et jetterait volontiers soutane et chasteté pour
gagner les privautés de sa confessée, pourtant libertine et joyeusement
païenne ! L’âge n’est point en cause, mais il devra se contenter
de la confession émue et amusée de Ninon sur quelques années de
sa vie enjouée et parfois assombrie par le deuil. Point de nostalgie
ni de regret dans ce récit sans retenue, amour, plaisir et liberté
souveraine répondirent toujours à l’appel de la belle courtisane.
Spirituelle et sans réticence sur l’attirance des corps, intelligente
surtout, femme éprise d’indépendance en tous domaines. Et l’humour
ravageur fut son lot quotidien. Pour donner à voir cette liberté
si mouvante, l’auteur a pris le parti très convaincant de l’alexandrin.
Non point pour faire couleur d’époque, mais le choix de ce vers
confère à ces réminiscences le souffle et le rythme adéquats.
Le boudoir se décline amoureux ou pieux, au gré de Ninon ou de la
Maintenon, et l’intimité de son cadre laisse entrevoir bien d’autres
secrets ou dévoilements, pour le plaisir des sens débridés ou l’assouvissement
plus brutal du pouvoir et des désirs royaux. Cyrielle Clair prête
la souplesse de son corps et de sa voix à ce feu d’artifice de traits
d’esprits, en contrepoint de Pauline Macia, sombre et torturée de
jalousie. Sylvain Clama -Villarceaux et Sacha Petronijevic, en abbé
timidement libidineux ou Louis XIV intime, prouvent avec une élégance
sans illusion combien la lutte est perdue d’avance face à cette
indomptable gente féminine.
Comment oublier qu’au ciel-de-lit de la belle Ninon, était gravée
cette inscription « fais le bien », où l’éventuel trait d’union
était laissé à l’appréciation, prude ou non, du visiteur…? Théâtre
des Mathurins 8e. A.D.
Retour
à l'index des pièces de théâtre
Fermez
cette fenêtre ou mettez-la en réduction pour revenir
à « Spectacles Sélection »
|