MOI ... ET SHAKESPEARE

Article publié dans la Lettre n° 319
du 6 décembre 2010


MOI … ET SHAKESPEARE de et avec Nigel Hollidge. Mise en jeu Véronique Ros de la Grange. Il était une fois, vers 1584, deux William. L’un, amuseur très connu, dansait la gigue, travesti en femme lubrique, ballades sentimentales et plaisanteries salaces à l’appui, pour le rire débridé du public élizabéthain des auberges et de la rue. L’autre, pas encore au sommet de sa renommée, commençait à s’affirmer comme le glorieux auteur dramatique qu’il deviendrait.
William Kemp, William Shakespeare.
Choc rédhibitoire de deux cultures qui signera la mort du clown théâtral à l’orée du 17e siècle. Farce est morte, vive Tragédie, même si dans chacune des œuvres majeures de l’Autre, on repère des vestiges non négligeables de comique graveleux et d’une verve dont Falstaff est l’incontournable parangon.
Avec amour, sourire et dérision tendre, Nigel Hollidge trace le portrait en tirades, chants et danses de ce célèbre clown William Kemp, ultime défenseur de la gigue, qui s’effacera, sous les coups de la mode, devant la montée incoercible de cet autre qu’il aima tant, avec qui il partagea l’expérience du Théâtre du Globe et qui lui laissa dans ses pièces l’espace débridé de ses improvisations. Avant de tirer sa révérence dans une mémorable gigue qui l’entraîna loin de l’impossible partage de la scène.
C’est à cette pirouette de la dignité que nous convie Nigel Hollidge, éblouissant Falstaff que Kemp ne fut jamais, brocardant l’Autre dont il affiche le portrait comme témoin de ses insultes pleines d’amour.
Invités à chanter, en anglais !, le refrain de ballades licencieuses, nous sommes emportés avec délices dans ce voyage en langue shakespearienne. La beauté des sonnets et des tirades, dits avec élégance et humour, fait de cette odyssée un véritable enchantement. Théâtre de la Boutonnière 11e. A.D.


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