MES MEILLEURS ENNUIS

Article publié dans la Lettre n° 272

MES MEILLEURS ENNUIS de Guillaume Mélanie. Mise en scène Guillaume Mélanie avec en alternance, Laurence Bussone, Julie Capronnier, Caroline Desfetes, Jérôme Paza, Francis Prieur, Guillaume Mélanie.
Madame Rodriguez, la gardienne de l’immeuble, a des idées bien arrêtées. Elle doit faire le ménage dans l'appartement, le ménage sera fait. Un combat inégal s’engage alors autour du bouton de l’aspirateur entre madame Rodriguez et le maître de maison. Inégal, car celui-ci va finir par débrancher l’appareil. Madame Rodriguez bat en retraite mais elle n’a pas dit son dernier mot. De toute façon, son diagnostic est clair et péremptoire : « en esta casa, son todos locos » traduisez : « ici, ils sont tous fous » . L’adjectif est peut être un peu excessif mais pas complètement faux. Arthur et Tanguy partagent les lieux. Ils sont jumeaux et ont enterré cette nuit la vie de fille de leur sœur Marie qui va épouser un certain monsieur Nière, militaire de son état. La jeune future mariée flippe un peu à l’idée de convoler avec un type, certes gentil, mais qui applique un peu trop à la lettre ses méthodes de travail à la maison. Les jumeaux sont tout à leur gueule de bois lorsque leur soeur déboule très stressée, en robe de mariée. Cette arrivée intempestive n’est qu’un problème mineur face aux multiples autres tuiles tombées avant et dans le désordre : Romane, la petite amie d’Arthur, lui annonce une nouvelle dont il se serait bien passé, ils attendent le coup de sonnette imminent d’un huissier qui vient les saisir afin d’acquitter les sommes non perçues des tickets de métro impayés, une jolie somme si l’on compte les mises en demeure, comme celle d’ailleurs de la facture de téléphone, au montant tout aussi vertigineux. A leur grande surprise, ce n’est pas l’huissier mais une commissaire de police fraîche émoulue, pardon, madame « le » commissaire, qui débarque à la recherche de leur meilleur copain Stéphane, impliqué, selon elle, dans une sombre histoire de drogue et de meurtre. Ajoutons la venue de la copine Salomé qui vient leur demander de cautionner un alibis au cas où son mec jaloux viendrait à sa recherche alors qu’elle va faire des photos, disons osées, les appels désespérés du copain dépressif et puis, cette fuite d’eau récurrente qui fait réapparaître madame Rodriguez. Ce n’est pas tout, bien sûr, mais ces quelques éléments donnent une petite idée de l’état des jumeaux qu’un ultime coup de fil va ramener à la dure réalité de l’existence.
On se prend à imaginer ce que cette pièce très drôle, bourrée d’idées tant dans le texte que dans la mise en scène, aurait pu donner ailleurs que sur la scène exiguë du théâtre d’Edgar, où les acteurs sortent parfois carrément côté… rue. Il officient depuis des mois, mouillant leur chemise, donnant le meilleur d’eux-mêmes. On leur tire notre chapeau. Théâtre d’Edgar 14e.

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