LA MERE CONFIDENTE

Article publié dans la Lettre n° 249


LA MERE CONFIDENTE de Marivaux. Mise en scène Jean-Paul Bazziconi avec Geneviève Casile, Benjamin Broux, Chloé Dabert, Hervé Falloux ou Geoffroy Thiebaut, Antoine Rosenfeld, Séverine Vincent.
Les hasards d’une promenade permettent à Angélique et Dorante de se rencontrer et de se plaire. Bien nés l’un et l’autre, rien ne peut contrarier leur amour si ce n’est un obstacle infranchissable à leur époque: la fortune. Angélique est riche et dotée mais Dorante, un cadet, ne possède rien à part quelques espérances de son parrain Ergaste dont il héritera. Or, celui-ci n’a que trente-cinq ans et se porte comme un charme. Madame Argante, la mère d’Angélique, s’apprête à accepter une demande en mariage pour sa fille qui n’est autre que celle d’Ergaste.Va-t-elle réagir en mère inflexible, respectant traditions et convenances, ou privilégier le bonheur d’Angélique, ajoutant alors à son rôle de mère celui de mère confidente et amie?
Le XVIIIe siècle a vu préconiser des relations plus étroites entre parents et enfants. Les idées de Rousseau sur l'éducation en sont l’écho. Cependant, le respect de la liberté d’aimer était encore loin d'être observé. En fin psychologue, Marivaux écrit une pièce aux accents très pédagogiques sur les relations privilégiées entre une mère et sa fille que rien ne vient ternir. L’argument se construit autour d’une série de personnages bien cernés. Angélique, Chloé Debert naturelle et spontanée, est une jeune fille de son temps, enthousiaste, candide mais sage. Son discernement va tempérer l'impatience de Dorante, amoureux fougueux, joué avec brio par Antoine Rosenfeld. Lubin et Lisette, Benjamin Broux et Severine Vincent remarquables, campent ces domestiques typiques, roublards mais sans malice, comparses indispensables. Ergaste, trentenaire taciturne, excellent Geoffroy Thiebaut, ne restera pas insensible face à la passion de son filleul. Madame Argante fera alors pour sa fille le choix du coeur. Geneviève Casile exprime avec talent cet amour maternel que rien ne trouble. Elle et Chloé Dabert s'entendent à merveille pour faire évoluer cette complicité qui les lie et dépasse les simples relations mère-fille. Ces personnages altruistes, qui vivent pour l’amour et dans le respect des autres, apportent une grande fraîcheur à cette œuvre délicieuse que Jean-Paul Bazziconi replace dans le contexte du XVIIIe, grâce à une mise en scène simple et délicate, au décor astucieux et aux ravissants costumes de Martine Henry. Une jolie pièce à l'écriture fine, limpide et très moderne malgré le passage des siècles.Théâtre 14 Jean-Marie Serreau 14e (01.45.45.49.77) jusqu’au 31 décembre 2005.


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