MEILLEURS VŒUX

Article publié dans la Lettre n° 341
du 21 mai 2012

MEILLEURS VŒUX de Carole Greep. Mise en scène David Talbot avec Juliette Galoisy et Éric Guého.
Il arrive à Antoine ce qu’il arrive à bien des gens un 31 décembre. Il se retrouve seul à allumer puis éteindre des bougies, assis à table, dans l’attente de quelqu’un qui ne viendra jamais. Antoine traîne derrière lui comme un boulet une enfance au lourd contentieux, un travail répétitif et sans perspective. Sans ami ni famille, il souhaite quitter un monde qui ne s’est pas rendu compte qu’il existait. Pourtant, avant de sauter le pas, quelque chose le retient. Le désir de téléphoner à une jeune femme dont il est amoureux, mais qui ne le sait pas, afin de l’inviter à passer ne serait-ce qu’une heure avec lui. Sandrine est absente, il confie au répondeur un message suffisamment convaincant pour qu’il l’interpelle. Et, en effet, elle survient pour lui expliquer qu’il s’est trompé de numéro et que la Sandrine qu’il a appelée n’est pas elle. En partance pour une soirée déguisée, dont le thème est  « venez costumés en ce que vous aimez manger », son costume de poulpe en salade passe difficilement la porte. Deux amis l’attendent en bas dans une voiture, déguisés eux aussi, mais elle tenait à le prévenir de son erreur. Antoine lui confirme que son appel téléphonique lui est vraiment destiné et qu’il est en quelque sorte « un petit croche-pied à son destin ». Après bien des histoires, elle accepte de s’asseoir, de boire une coupe de champagne. Croche-pied du destin ou pas, elle n’a qu’un quart d’heure à lui consacrer. Pendant qu’Antoine va chercher la bouteille, le regard de Sandrine se pose sur la porte d’un placard constellée d’un nombre impressionnant de cartes postales. Elle en décroche une machinalement qu’elle ne parvient pas à remettre. Elle la glisse alors dans son sac. Le quart d’heure écoulé, elle s’en va. Quelques minutes plus tard, un coup de sonnette impératif retentit. Sur le seuil Sandrine, la carte postale à la main et une question précise: Que fait chez Antoine cette carte postale des Maldives qui lui est destinée, au regard de l’adresse, mais qu’elle n’a jamais reçue et pour cause ? Sandrine n’est pas au bout de ses surprises, le spectateur non plus…
Après J’aime beaucoup ce que vous faites qui remporte un franc succès depuis sa création, Carole Greep nous offre cette comédie très bien écrite, à l’humour déjanté. David Talbot déborde d’idées pour mettre en scène ce tête à tête complètement loufoque mais qui tient la route jusqu’à la dernière réplique, qualité plutôt rare dans ce genre. Juliette Galoisy et Éric Guého interprètent avec un formidable enthousiasme le rôle des deux personnages aussi drôles qu’attachants. Le spectateur se laisse prendre à leur jeu et passe un moment savoureux en leur compagnie. Théâtre Tristan Bernard 8e.

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