LE
MEILLEUR PROFESSEUR
Article
publié dans la Lettre n° 245
LE MEILLEUR PROFESSEUR de Daniel Besse.
Mise en scène Stéphane Hillel avec Daniel Besse, Marie Bunel, Claudie
Guillot, Virginie Peignien, Iris Besse, Didier Caron, Philippe Magnan,
Guillaume de Tonquedec.
Monsieur Rhinocéros, proviseur du Lycée Loup Renard vient d’être
averti par le recteur de son académie. Le ministère organise une
campagne pour redorer le blason terni de l’éducation: les douze
meilleurs professeurs, choisis parmi les douze meilleurs lycées
de France, auront l’honneur de s’exprimer en prime time sur la meilleure
chaîne publique. A charge pour lui de choisir le «meilleur professeur»,
celui qui représente le mieux l’excellence de son établissement.
Le proviseur est perplexe à double titre. D’abord sur le bien fondé
d’une telle campagne de revalorisation du corps enseignant, ensuite
sur le choix du professeur. Ce choix est d’autant plus délicat qu’il
doit l’arrêter le plus tôt possible. Après mûre réflexion, il désigne
Monsieur Albatros, professeur de lettres, dont il apprécie les qualités
professionnelles. Il n’est pas le seul. Parents et élèves ne tarissent
pas d’éloge sur cet excellent enseignant davantage influencé par
la philosophie de Platon que par les méthodes modernes pour faire
progresser ses élèves. Cette décision n’est pas du goût de certains
collègues qui se verraient bien à sa place. Parmi eux, Monsieur
Gibbon et Monsieur Zèbre sont les plus virulents. Mais, pris par
des soucis plus importants, le proviseur persiste avec fermeté.
Cependant l’un des problèmes qu’il vient de traiter avec un peu
trop de légèreté a des conséquences tragiques qui remettent en cause
le choix qu’il avait arrêté.
En 2001, les Directeurs avait placé sur le devant de la scène un
auteur à l’écriture efficace et dérangeante. Daniel Besse s’attaquait
au monde de l'entreprise avec un sens aigu de l’observation.
Mêlant humour et réalisme, ses pièces vont jusqu’au bout de leur
démonstration avec la précision d’un scalpel. Elles ont un canevas
commun: un lieu type où évoluent des personnages dans une situation
précise et dont il observe les réactions. L’enseignement, en crise
depuis plusieurs décennies, est cette fois son cheval de bataille
pour soulever quelques lièvres, l’incompétence, l’ignorance la jalousie
et la bêtise face à l’intelligence, l’humanité, le dévouement et
l’abnégation. Il faut de tout pour faire un monde, dans un lycée
comme dans une entreprise. Certaines scènes ou descriptions, comme
celle de l’élève modèle, sont d’un réalisme poignant et donnent
le sentiment d’avoir été vécues. La mise en scène de Stéphane Hillel
met remarquablement en relief, grâce à un suspense croissant, les
deux semaines de vie de ce lycée d’excellence dont l’ambiance se
dégrade inexorablement. Il décrit aussi très bien ce tourbillon
incessant dans lequel est pris le proviseur, appelé sans cesse à
faire des choix, conseiller, accepter, refuser, rappeler à l’ordre,
admonester ou féliciter. Autour de Philippe Magnan, excellent dans
le rôle du proviseur, professeurs, personnel d’encadrement, parents
et élèves sont interprétés par des comédiens d’exception. Petit
Théâtre de Paris 9e.
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