LE MARIAGE
Article
publié dans la Lettre n° 319
du
6 décembre 2010
LE MARIAGE de Nikolaï Gogol. Traduction
André Markowitz. Mise en scène Lilo Baur avec Yves Gasc, Catherine
Sauval, Jean-Baptiste Malartre, Alain Lenglet, Clotilde de Bayser,
Laurent Natrella, Julie Sicard, Nicolas Lormeau, Nâzim Boudjenah,
Géraldine Roguez.
Allongé sur sa couche, les yeux au plafond, Kapilotadov a du mouron
à se faire. Célibataire depuis plus longtemps que de raison, il
lui faut se marier, c’est du moins l’avis de son ami Plikaplov.
Mais il se plaint : « parce que, le diable me prenne, c’est une
affaire qui vous fait du tracas, le mariage ! ». Il tâche de
faire mauvaise fortune bon cœur ayant chargé bien à contre coeur
Fiokla Ivanovna, la marieuse du coin, de lui trouver la perle rare.
Lorsque celle-ci lui présente, sous son meilleur jour, la personne
d’Agafia Agafonovna, fille de marchand un peu niaise mais dotée,
Kapilotadov se rend à la raison et, armé de sa profession de fonctionnaire
et de son titre de conseiller surnuméraire, il se présente au domicile
de la prétendante afin de jauger la future fiancée, sa dot et, si
tout va bien, faire sa demande.
Mais la marieuse est rouée. Devant la porte de la demoiselle, ils
sont trois, animés des mêmes intentions. En dépit des paroles rassurantes
de sa tante Arina Pantéleïmonovna que cette soudaine affluence n’émeut
pas outre mesure : « Mais, aie pas peur, ma petite fille ! Tout
le monde y passe. Ils viennent, il regardent, ils touchent pas ».
La future fiancée, affolée, ne sait qui choisir entre notre fonctionnaire
conseiller surnuméraire, Mamimine, officier d’infanterie à la retraite,
Chikine, marin à la retraite ou Omelette, huissier ! Plikaplov vient
alors à la rescousse, décidé à écarter les trois coureurs de dot
à défaut de jupons. Il pousse Kapilotadov dans les bras d’Agafia,
qui, éblouie par la profonde conversation qu’elle vient d’avoir
avec lui, est conquise. Mais c’est sans compter sur la lâcheté du
marié en devenir qui cherche décidément l’âme sœur tout en priant
de ne pas la trouver !
Nikolaï Gogol avait imaginé « cette aventure parfaitement invraisemblable
en deux actes » comme une farce, satire de la vanité humaine
et de sa vacuité, son maigre sujet porté par des dialogues désopilants,
frisant l’absurde.
André Markowitz et Lilo Baur prennent à bras le corps cette comédie
au sujet complètement dépassé et en exploitent tous les ressorts,
faisant feu de tout bois, brossant des personnages tous plus comiques
les uns que les autres. Rien qu’avec leurs noms, ils ont déjà matière
à maints jeux de mots et de scène ! Les comédiens se prêtent au
jeu, se démènent comme de beaux diables, servis par une mise en
scène trépidante et pleine de trouvailles, échangeant une profusion
de répliques savoureuses remises au goût du jour. Cocasse et diablement
efficace ! Théâtre du Vieux-Colombier 6e.
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