MALIGNE de et par Noémie Caillault. Mise en scène Morgan Perez.
Qui n’a pas vécu cela ? Le temps d’obtenir un rendez-vous chez le clinicien idoine et le mal a disparu le jour de la consultation ! Noémie ne souffre plus mais, en palpant les seins de sa patiente, la gynécologue sent une toute petite boule à l’intérieur de celui de gauche. Surtout ne pas s’inquiéter, « ce n’est rien ». Durant un an, Noémie va les entendre ces mots-là. Analyse après analyse, on lui annonce au fur et à mesure les « réjouissances » suivantes: la toute petite boule est en fait une tumeur de 7 cm sur 6 … elle est maligne… la chimio est indispensable, d’où la nécessité de préserver les ovocytes … elle va perdre ses cheveux et le reste … il faut opérer … l’ablation du sein n’est pas exclue … etc... Dit ainsi, cela fait froid dans le dos, mais cette technique permet d’avaler les couleuvres une à une. Noémie n’a que vingt-sept ans, autant dire toute la vie devant elle. L’incrédulité fait place à l’angoisse. Pourtant, chaque mauvaise nouvelle ne sape pas son moral. Elle décide de se battre contre le monstre qu’elle abrite, un véritable duel entre son état physique, cette mort tapie, et psychique, sa soif de vivre. Elle confie sa vie aux spécialistes, fait face avec humour aux réflexions et aux attitudes pas toujours réconfortantes de ses familiers, prend comme des petits bonheurs « les bénéfices secondaires », tous ces cadeaux et attentions qu’elles n’auraient pas reçus si… et songe même à publier un guide des hôpitaux parisiens ! Bref, aujourd’hui devient pour elle le premier jour du reste de sa vie.
L’histoire de ce cancer imprévu détecté en 2012, relatée mois après mois par Noémie Caillault, subjugue parce qu’elle est passionnante tant du point de vue clinique que psychologique. Avec la distance qu’elle a adoptée avec le temps, un aplomb et un humour décapant teinté de dérision, la jeune comédienne remémore toutes les étapes de ce parcours du combattant avec ses déceptions et ses espoirs jusqu’à l’heure du bilan où elle peut commencer à respirer. Sa vitalité illumine la scène. La Pépinière théâtre 2e.