MALAGA
Article
publié dans la Lettre n° 211
MALAGA de Paul Emond. Mise en scène
Jean-Paul Denizon avec Diane Pierens, Franck Capillery, Laurence
Sacquet, Xavier Clément.
Quel est le plus court chemin pour se rendre à Malaga? La Belgique,
bien sûr! La première étape étant une salle d’attente d’une gare,
impersonnelle et insignifiante. Quatre personnages qui ne devaient
pas se rencontrer sont réunis grâce à une grève ferroviaire. Eh
oui! les grèves ne sont pas l’apanage des français. Barat et Astrid
accueillent l’arrivée tonitruante de Flambard, Flambard, avec un
«d», il y tient. Le voyageur de commerce tient à exposer son infortune,
il faut qu’il soit à Bruxelles le lendemain à neuf heures pour son
divorce. Une grande affaire son divorce, le veut-il réellement?
Il anime la morosité ambiante de sa faconde, de son bavardage. Barat
est plus réservé, mais pour lui aussi, cette grève est une catastrophe:
va-t-il rater son avion pour Malaga, pour le paradis? Sa compagne
Astrid, grande mythomane désagréable, organise une sape de moral
en règle. Quelle journée! Sa belle-mère avait-elle besoin de se
remarier? L’irruption d’une autochtone fait une belle diversion.
Amanda vient tromper sa solitude avec cette grinçante compagnie.
Une idée royale!
Bruxelles est à deux heures de Paris en train (sauf grève) et pourtant,
il est rare de voir des pièces belges. Xavier Clément, comédien
belge, parisien depuis trente ans est l’initiateur du projet. La
pièce de Paul Emond offre un huis-clos pour quatre comédiens présentant
des caractères, des univers se dévoilant durant cette veille forcée.
Les personnages parlent belge mais ce n’est pas la langue des histoires
de fin de repas, mais une langue imagée avec des tournures de phrase
déroutantes, des images qui semblent décalées pour une oreille parisienne
et des expressions savoureuses. Jean-Paul Denizon est un familier
du théâtre sans frontières. Dans sa mise en scène, il a favorisé
l’humain. Franck Capillery interprète Barat. A la fois touchant
et insupportable, ce grand garçon très attaché à sa maman et qui
ne sait pas parler aux femmes, campe son personnage avec grande
finesse. Xavier Clément compose un truculent Flambard, attachant
et encombrant, on sent en lui le buveur de bière très fleur bleue.
Il est impérial. Théâtre Daniel Sorano Vincennes 94 (01.43.74.46.88)
jusqu’au 5 avril 2003.
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