LA MALADIE DE LA MORT
Article
publié dans la Lettre n° 363
du
20 janvier 2014
LA MALADIE DE LA MORT de Marguerite
Duras. Mise en scène Muriel Mayette-Holtz. Collaboration artistique
Matthias Langhoff avec Alexandre Pavloff, Suliane Brahim.
Au second plan une jeune femme, une valise à la main, ouvre la porte
d’une chambre d’hôtel. Elle s’installe, sèche ses cheveux mouillés,
se déshabille, puis, après s’être livrée à ces gestes simples, s’allonge
sur le lit et s’endort. Au premier plan, un homme s’avance et se
met à parler. On ne sait s’il a convoqué ou convié cette femme,
s’il l’a payée mais il ne s’adresse pas à elle et ne la rejoindra
pas davantage. En un long monologue, il raconte simplement un moment
au temps imprécis qu’il aurait passé avec une femme. Il lui aurait
donné rendez-vous, il aurait pleuré, et aurait enragé de voir qu’elle
s’est endormie plutôt que de prendre part à sa détresse. Il l’aurait
prise et puis, à un moment donné, elle aurait disparu. Cette plainte
relate en un mot son incapacité à ne pouvoir aimer, traduite par
l’auteur comme une maladie, la « maladie de la mort » en quelque
sorte « la maladie de ne pas savoir vivre ».
Alexandre Pavloff restitue sans effort apparent les phrases dictées
par Marguerite Duras, si simples et anodines au premier abord, mais
dont le contenu, réitéré, complété ou précisé, révèle justement
la complexité à les mémoriser.
La mise en scène cisèle un texte qui resterait un peu trop « intello»
sans la présence muette mais opportune de la jeune femme (prestation
pleine de grâce de Suliane Brahim) et la projection d’un film au
fond du plateau, succession de vues dont certaines, très symboliques,
montrent la lutte de deux bêtes et d’un homme qui tentent de sortir
de l’eau glacée en s’accrochant désespérément à la banquise. Théâtre
du Vieux-Colombier 6e.
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