MADAME
SANS-GENE
Article
publié dans la Lettre n° 195
MADAME SANS-GENE d’après l’œuvre de
Victorien Sardou, nouvelle version Pierre Laville. Mise en scène
Alain Sachs avec 15 comédiens dont Clémentine Célarié, Frédéric
Van Den Driessche, Michel Vuillermoz, Philippe Uchan, Manuel Duran,
Philippe Beglia, Cathy Bodet, Christophe Bouisse, Laurence Colussi.
Ah! ça ira ça ira, les aristocrates à la lanterne! Il ne fait pas
bon être royaliste en France le 14 juillet 1789. Le fringant Neipperg
trouve refuge chez Catherine Hübscher, blanchisseuse de son état.
Catherine croit en la révolution, au linge propre et à la fidélité.
La belle alsacienne n’a pas la langue dans sa poche et son sobriquet
de madame Sans-Gêne lui va comme un gant. Quand on lave le linge
des autres on les connaît un peu. Catherine le connaît bien ce petit
caporal au nom imprononçable et au regard aigu, il a beau avoir
des pantalons tout rapés, il a fière allure Napoléone Buanaparte!
Mais comment réussir avec un tel patronyme? Fouché, est un autre
client. Il aime la dentelle tuyautée et fourre son nez partout.
Mais Catherine n’a d’yeux que pour son beau Lefebvre. Voilà, ce
petit monde entraîné dans la tourmente de la Révolution. Certains
y perdront la tête, d’autres graviront les degrés de la gloire.
Le caporal est devenu l’Empereur. L’ardent défenseur de la République.
Le sergent Lefebvre est Maréchal d’Empire. La Sans-Gêne menait tambour
battant ses blanchisseuses, elle en use de même avec ses domestiques,
avec un langage à faire pâlir son palefrenier. L’étiquette de la
cour impériale souffre de son franc-parler, mais est-il né celui
qui pourra faire taire notre Maréchale au cœur d’or?
Victorien Sardou s’est inspiré de la Maréchale Lefebvre et de la
fille d’un meunier pour créer ce personnage populaire et cocasse.
L'auteur rencontre un succès énorme avec cette pièce, multipliant
les tableaux pour 56 comédiens. Pierre Laville a raccourci la pièce,
supprimé plusieurs personnages, proposant une version de 2h30 plutôt
réussie. Pour ce rôle de référence, il faut une comédienne qui brûle
les planches, imposant d’une réplique ce personnage franc et impertinent.
Clémentine Célarié trouve le rôle de sa carrière. Généreuse, gouailleuse,
populaire sans être vulgaire, elle attire toutes les sympathies
et les rires. Alain Sachs signe une mise en scène inventive et luxueuse.
Du vrai théâtre avec des comédiens pleins de panache. Une soirée
riche et onctueuse comme une crème fouet. Théâtre Antoine-Simone
Berriau 10e (01.42.08.77.71).
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