MADAME DE… VILMORIN
Article
publié dans la Lettre n° 330
du
3 octobre 2011
MADAME DE… VILMORIN d’Annick Le Goff
et Coralie Seyrig d’après les entretiens d’André Parinaud. Mise
en scène Christine Dejoux avec Coralie Seyrig.
Louise de Vilmorin ou l’art d’être narcissique sans être insupportable…
La vie paraît si facile pour cette femme délicieuse, douée pour
le charme, le plaisir, la séduction, la légèreté.
Elle avoue aimer les objets plus que les gens, prête à n’importe
quelle mauvaise foi quémandeuse pour satisfaire ses coups-de-cœur,
dans une inconséquence dispendieuse et sans vergogne.
Petite fille à la fois gâtée par l’aisance familiale et négligée
par l’égoïste indifférence de sa mère, elle parle de ses quatre
frères, évoque en filigrane la maladie qui oblitéra son enfance,
décrit avec une émotion amusée son premier grand chagrin d’amour,
lorsqu’elle se vit privée de la poupée de ses confidences.
Cette séparation amoureuse préludera à toutes les infidélités « involontaires »
de la charmeuse Louise, elle qui dit rêver de fidélité et de longévité
conjugale… tout en souriant des conquêtes et des mariages qui ont
parsemé son existence.
Elle a fréquenté les plus notoires figures littéraires et éditoriales
de son époque, tant parce qu’elle en était l’égérie que parce qu’elle
y tenait le rôle non négligeable d’une femme de lettres, habilitée
à porter un regard plein d’acuité et de lucidité sur la chose littéraire,
ses élans et ses limites.
D’aphorismes souriants en oxymores cocasses, elle nous divertit
avec humour et tendresse de poèmes et de souvenirs, que rythment
les mélodies qu’elle joue avec grâce sur son piano à queue.
Dans le confort cossu de ce salon bourgeois, en aller-retour entre
la méridienne et le piano, Coralie Seyrig campe avec élégance cette
Louise de Vilmorin, grande dame d’une époque révolue, héroïne à
la fois surannée et délicate des romans qu’elle fustige ironiquement.
Et ce spectacle intimiste s’égrène dans une lenteur hors du temps
et de l’espace, dans la saveur nostalgique et suave d’une sonate
oubliée. Petit Montparnasse 14e. A.D.
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