JE SUIS DRÔLE
Article
publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n°
354
du
6 mai 2013
JE SUIS DRÔLE de Fabrice Melquiot.
Mise en scène Paul Desveaux avec Claude Perron et Solal Forte.
Un grand canapé rouge. Rouge comme les désirs d'une femme, Cathy
Moulin. Désirs de voyage aux Galapagos, de rencontre amoureuse,
de succès artistique, de pédagogie maternelle. Elle a décidé de
secouer la torpeur de son dadais de fils, Rico, vautré dans son
acné et ses torpeurs adolescentes. Le prix à payer, ce sont les
prestations minables que procure son agent à cette comédienne ratée,
astreinte à faire rire en sept secondes les chacals à roulettes
qui hantent les maisons de retraite… Le téléphone vient interrompre
cette danse du scalp qu'elle mène autour du fils hébété qui se manifeste
par simples borborygmes. Galerie de portraits vocaux de la sœur
Soizig, de l'agent peu énergique, du mari envolé, de l'amant roux
rencontré au détour d'une soirée sans paillettes. Le quasi monologue
de cette femme déprimée, en constant danger d'hystérie, est drôle
et mordant à la mesure de sa lucidité douloureuse. Moulin… ? un
nom de résistance, non ? Derrière ce feu d'artifices de coups de
griffes et de calembours grinçants, il y a l'irréparable solitude,
le sentiment de l'échec, le panache sans illusion.
Claude Perron campe avec une énergie jubilatoire cette femme en
manque de tout, mère en déshérence devant son fils, Solal Forte,
plus vrai que nature dans le rôle de l'ahuri bousculé par cette
tornade.
Ah, les Galapagos et leurs tortues géantes, si amoureuses… Théâtre
Le Lucernaire 6e. A.D.
Retour
à l'index des pièces de théâtre
Fermez
cette fenêtre ou mettez-la en réduction pour revenir
à « Spectacles Sélection »
|