JE L’APPELAIS MONSIEUR COCTEAU

Article publié dans la Lettre n° 396
du 2 mai 2016


JE L’APPELAIS MONSIEUR COCTEAU de Carole Weisweiller. Adaptation Bérangère Dautun. Mise en scène Pascal Vitiello avec Bérangère Dautun et Guillaume Bienvenu.
Quelle appréhension pour une petite fille issue d’un milieu favorisé et élevée par une « nana », que celle de connaître et de voir s’installer dans la demeure familiale un homme tel que Jean Cocteau ! En 1949, du haut de ses sept ans et demi, Carole Weisweiller, ne fut pas longue à juger que l’homme au rire joyeux présenté par sa mère à l’occasion du tournage du film « Les Enfants terribles » n’avait rien de terrifiant. L’hommage qu’elle lui rend dans son livre est à l’aune du bonheur qu’elle vécut à ses côtés, jeune témoin de cette « histoire d’amitié aussi intense qu’une histoire d’amour » qui lia sa mère, Francine Weisweiller, au poète aux dons inépuisables.
Jean Cocteau s’installa avec Edouard Dermy, dit Doudou, en 1950 à Santo - Sospir, la villa des Weissweiller qui surplombait la baie de Villefranche. Des murs aux plafonds, il la décora de fresques apposées d’un jet, sous le regard émerveillé de Carole. On installa pour le poète un atelier dans la serre qui donnait sur une terrasse tournée vers la mer. Il restaura aussi durant six mois une chapelle de Villefranche qui servait de remise aux pêcheurs. Puis il y eut « le temps Picasso » que Cocteau fréquenta et leur fit fréquenter, même si les rapports entre les deux hommes restaient complexes.
Homme de cœur, Cocteau disait à l’envi : « Mon bonheur est simple, j’aime aimer ». Il témoigna à la famille Weisweiller une indéfectible et tendre amitié. Mais cette dizaine d’années ensoleillées s’acheva par la trahison de Francine. Cocteau ne s’en remit pas. Peu de temps après son départ de Santo- Sospir, victime d’un deuxième infarctus, il décéda le 11 octobre 1963 à 74 ans, quelques heures après Édith Piaf qu’il aimait tant.
Bérangère Dautun a adapté l’essentiel du témoignage plein de gratitude de Carole Weisweiller à l’égard de l’ami tant aimé et admiré. Dans un décor épuré où les quelques photos projetées marquent les lieux et le passage des ans, la comédienne réfère simplement les faits les plus marquants qui jalonnèrent cette relation presque filiale. L’esprit de l’artiste est là, matérialisé par les interventions discrètes de Guillaume Bienvenu.
« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour », confiait Cocteau. Le livre de Carole Weisweiller, si bien adapté par Bérangère Dautun, illustre parfaitement cette pensée. Studio Hébertot 17e.

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