LE JARDIN

Article publié dans la Lettre n° 260

LE JARDIN de Brigitte Buc. Mise en scène Jean Bouchaud avec Annick Alane, Marc Fayet, Isabelle Gélinas, Guillaume de Tonquédec, Cécile Rebboah.
Le jardin a empiété sur le cimetière. On y a placé un toboggan, un bac à sable et des bancs. Au début, cela faisait un peu drôle d’être assis là tout près des tombes, puis les riverains n'y ont plus pensé. Suzanne s’y promène tous les jours. Retraitée et seule, elle regarde les enfants jouer et engage la conversation avec les parents ou les promeneurs. Elle s’est liée d’amitié avec Violette, dont elle connaissait la mère autrefois. La jeune femme élève seule son fils. Elle vit mal son divorce. Le sentiment d’échec et la solitude qu’il procure la déprime et la rend agressive. L’apparent bonheur de Philippe et Sophie, un couple qui vient promener ses enfants, l’agace. Il lui semble avoir tout faux comparée à l’admirable Sophie. Philippe a loué un studio à Antoine, nouveau dans le quartier. Il vient de quitter son travail et ne semble pas prêt à en chercher un autre. Violette, quant à elle, arrive de la province et s’habitue difficilement à la vie parisienne. Il faut avouer que son voisin de palier n’est pas de tout repos. D’un jour à l’autre ils se rencontrent et des liens se créent malgré les disputes.
Brigitte Buc met joliment en scène tous ces personnages dont elle a soigneusement brossé le caractère et les sentiments. Cela sent la vie de tous les jours et bien des spectateurs se reconnaîtront dans certaines répliques. Le temps qui passe est suggéré par une scénographie simple mais habile. Au rythme des saisons, le banc sur lequel ils se retrouvent est là, même si sa place n'est pas toujours la même, et l’arbre qui l’abrite s’habille ou non de feuilles aux couleurs différentes. Lorsque l’hiver survient, les querelles sont encore un peu vives, c’est dans la nature humaine, mais la vie est là avec son lot d’espoir même si elle n’est pas toujours simple et tranquille. Les cinq comédiens jouent leur rôle avec une grande conviction, alternant fougue et émotion. Chacun semble offrir une petite part de sa propre vie et c’est cette authenticité sans apprêt qui touche. Théâtre des Mathurins 8e (01.42.65.90.00).

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