JALOUSIE EN 3 MAILS
Article
publié dans la Lettre n° 314
JALOUSIE EN 3 MAILS d’Esther Vilar.
Texte français Sacha Zilberfarb. Adaptation Marc Laignier. Mise
en scène Didier Long avec Nicole Croisille, Margot Faure, Émilie
Chesnais.
Rien n’est plus dangereux pour une femme mariée que l’ascenseur
d’un building, surtout lorsqu’elle dépasse la cinquantaine. Son
cher et tendre peut en effet y rencontrer une future rivale. C’est
ce qui arrive à Helen mariée depuis 25 ans. Tous deux avocats dans
le même cabinet, Lazlo et Helen avaient pourtant réussi à concilier
vies professionnelle et privée au grand étonnement de leur entourage
moins chanceux. Mais le grand beau temps se gâte. L’orage éclate
sans crier gare, causé par les appâts d’une célibataire plutôt bien
roulée qui occupe le penthouse. Architecte bientôt quadragénaire
et inquiète de l’être déjà, Yana ne fait qu’une bouchée du benêt
sexagénaire, en proie au démon de midi. Cette liaison pourrait rester
secrète mais Yana ne veut pas partager son nouvel amant. Les hostilités
commencent. Elle adresse un premier mail à la malheureuse épouse
pour lui conter son infortune. Ire de cette dernière qui répond
par le même moyen, réclamant des preuves. Réponse savoureuse et
savourée de Yana qui lui en indique la manière, pour le moins surprenante.
Vérification faite de son infortune, Helen réagit. La guerre est
déclarée, l’arme fatale en est le clavier. L’épouse et la maîtresse
persiflent et signent avec perfidie, apanage de toute femme amoureuse
ou trompée, jusqu’au moment où Helen s’avoue vaincue. La bataille
semble perdue. Elle a un goût d’amertume. On n’efface pas, sans
jalousie ni larmes, un quart de siècle de vie commune sans nuages.
Mais, contre toute attente, Helen n’a pas perdu la guerre. Six mois
plus tard, elle s’aperçoit que son cher Lazlo fréquente un appartement
du 17e étage dont Iris, la locataire, est une très jeune étudiante
de vingt ans, bouddhiste et végétarienne de surcroît. C’est au tour
de Yana de subir ce qu’à souffert Helen. La guerre des mails reprend
avec une Iris moins zen que l’on pourrait le croire !
Bonheur de la rencontre, colère de la trahison, désarroi de l’abandon,
spleen de la solitude, les mails se succèdent à un rythme proportionnel
aux émotions éprouvées.
Didier Long mit en scène cette charmante comédie d’Esther Vilar
en 2001 sous le nom de Jalousie en trois Fax (Lettre
191). Le titre mis à part, nouvelle technologie oblige, Jalousie
en 3 mails lui ressemble comme une soeur. Il orchestre avec
la même efficacité la succession des monologues provoquée par la
lecture des courriers. Toute la difficulté pour les trois comédiennes
qui se prêtent au jeu est là : jouer non pas face à leurs partenaires
mais face au public devenu témoin de leurs démêlés… Nicole Croisille
possède la classe d’Helen, Margot Faure l’abattage de Yana et Émilie
Chesnais la grâce juvénile d’Iris. Elles s’en sortent bien, même
si le souvenir mémorable de celles qui les ont précédées reste encore
très présent. Théâtre Montparnasse 14e.
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