INVENTAIRES
Article
publié dans la Lettre n° 350
du
11 février 2013
INVENTAIRES de Philippe Minyana. Mise en scène Robert Cantarella avec Florence Giorgetti, Judith Magre, Édith Scob, Robert Cantarella ou Michel Froehly.
Toutes trois invitées à évoquer leurs souvenirs lors d’une émission, et s’interrompant au moindre signe du maître du jeu, Angèle, Jacqueline et Barbara tentent d’en remémorer un maximum en un minimum de temps. Très jeunes, durant la seconde guerre mondiale, et au soir d’une vie qu’elles ont remplie selon leurs moyens, elles ne sont pas célèbres, riches ou politiquement sur le devant de la scène du monde, elles sont ce que sont la majorité des femmes, anonymes et humbles, ballotées, malmenées qu’elles furent par leurs parents puis par les hommes qui ont croisé leur destin. Chacune a choisi un objet qui l’a accompagnée durant son existence, témoin important d’un moment ou de toute une vie. Jacqueline et Barbara ne se seraient pour rien au monde séparées l’une de sa cuvette, l’autre de son lampadaire, aussi incongrus que puissent paraître ces objets. Angèle, quant à elle, a carrément revêtu sa robe de 1954 qu’elle porte comme une seconde peau, souvenir impérissable d’un épisode de son existence assez rare pour lui avoir sans doute permis de supporter tous les autres. Ma vie, elle est tellement vide ma vie, résume en substance l’une d’elles, ne sachant pas très bien par où commencer et que dire, comme si tout ce qu’elle avait vécu ne méritait pas cet inventaire personnel et intime. Pourtant, à mesure que le temps qui leur est compté s’écoule, aiguillonnées par leur pygmalion, toutes les trois fouillent leurs mémoires et laissent peu à peu perler les quelques larmes de joie dans l’océan de peine et de désillusions que furent les années écoulées. Mariées, divorcées ou veuves, avec ou sans « gosses », elles évoquent les guerres, leur quartier, leur galetas, les galeries Lafayette ou le magasin Au vieux campeur, gênées tout d’abord, puis se laissant porter par leur passé.
Ceux qui eurent le bonheur de voir Florence Giorgetti, Judith Magre et Édith Scob lors de la création d’Inventaires en 1989, sont ébaudis de les revoir aujourd’hui, tout aussi dynamiques, recommencer l’aventure. Les années ont passé mais la vitalité de chacune reste inchangée. Drôles, émouvantes et facétieuses, elles s’approprient de nouveau cet inventaire, monologues parallèles de trois destins, et embobinent un public sous le charme de leur prestation.Théâtre de Poche Montparnasse 6e.
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