LES IN-DIFFERENTS
Article
publié dans la Lettre n° 314
LES IN-DIFFÉRENTS. Comédie musicale
de Camille Turlot et Éric Szerman. Mise en scène Stéphane Cottin
avec Virginie Bracq, Nelly Célérine, Emmanuel Curtil, Fabrice Fara,
Camille Turlot. Piano : Éric Szerman.
Archétypes d’un Monsieur et Madame tout-le-monde, ils échappent
pourtant à la norme. Ces in-différents ne le sont pas vraiment.
Ils se sentent différents parce que leur différence, ils la perçoivent
dans le regard des autres. « Pas besoin de gril, l’enfer, c’est
les Autres »… Le problème est incontestable. Vincent se remet
à bégayer après avoir ouvert une lettre glissée dans son courrier.
Plus personne ne reconnaît Macha, autrefois si jolie, et ses 25
kilos de plus. Béatrice, à la peau d’ébène, peine à obtenir le poste
correspondant à son doctorat et refuse de parler de ses origines.
Stéphane ne parvient pas à cesser de fumer. Sous ses airs exubérants
de travesti, Matthieu traîne sa détresse comme un boulet. Ces différents
anonymes se sentent discriminés, et pis que cela, mal aimés.
Cependant dans les mois qui viennent, ils vont découvrir le fil
qui les lie, se réconcilier avec eux-mêmes et par conséquent avec
les autres.
Ce qui frappe dans l’écriture de Camille Turlot et Éric Szerman,
c’est bien sûr l’énergie qui s’en dégage mais surtout l’union parfaite
entre le texte et la musique. De cette symbiose susceptible de raconter
un moment difficile de la vie de cinq personnages atypiques, sans
les lieux communs bien pensants sur le racisme ou l’exclusion, naît
une comédie musicale franche, directe, capable d’amuser ou d’émouvoir.
La mise en scène très alerte, le talent pétillant des comédiens
et la scénographie de Sophie Jacob font merveille. L’ingéniosité
du décor donne une formidable impulsion aux scènes qui se succèdent
à un rythme soutenu pour ponctuer ces cinq tranches de vie. Pas
un instant d’ennui, pas de remplissage, simplement le chemin sans
fioriture de personnages originaux et attachants qui, trop longtemps
plongés dans leur mal de vivre, vont courageusement relever la tête,
se chercher puis se trouver, indifférents soudain au regard des
autres, seulement portés par leurs sentiments. Théâtre de l’Œuvre
9e.
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