L'IMPORTANCE
D'ETRE CONSTANT
Article
publié dans la Lettre n° 261
L’IMPORTANCE D’ETRE CONSTANT de Oscar
Wilde. Nouvelle version et mise en scène Pierre Laville avec Lorànt
Deutsch, Patrick Delage, Frédéric Diefenthal, Macha Méril, Gwendoline
Hamon, Claire Magnin, Marie-Julie Baup, Yves Gasc.
Pace, une fois encore, fait merveille. A la ville comme à la campagne,
ses décors reflètent bien l’époque victorienne dans laquelle se
situe l’intrigue, par la décoration guindée de ces maisons bourgeoises
anglaises où il fleure bon le five o’clock tea, tout comme ils restituent,
par leurs couleurs aux tons chatoyants, la joie de vivre qui envahit
l’œuvre. Algernon Moncrieff attend pour le thé sa tante Lady Bracknell
et sa cousine Gwendoline Fairfax. Il s’apprête à décliner l’invitation
de sa tante, un dîner de famille par semaine lui suffit amplement.
Cela lui sera facile: afin de pouvoir vivre à sa guise, il a imaginé
l'existence d'un vieil ami souffrant qui réclame régulièrement sa
présence. Survient alors son ami Constant Worthing, décidé à demander
la main de Gwendoline. Mais un étui à cigarettes oublié chez Algernon,
l’oblige à lui avouer son secret. Il s’est forgé une double vie.
En ville, il est Constant, amoureux de Gwendoline; à la campagne,
il est Jack, tuteur de la ravissante Cecily Cardew. Là, il s'est
inventé Constant, un frère à la vie dissolue, afin de donner un
alibi à ses fréquents séjours en ville. Avec sa fortune, il pourrait
prétendre sans peine à la main de sa belle, mais ses origines obscures
(il a été trouvé à la consigne d’une gare dans un sac de voyage)
font obstacle à son bonheur. Lady Bracknell est intraitable: « Trouvez-vous
une famille au plus vite ! ». Dépité, il part pour la campagne.
Mais Algernon, désireux de faire la connaissance de Cecily, arrive
sans l’en aviser, avec armes et bagages, se faisant passer pour
Constant, le frère fictif de Jack / Constant …
Le génie théâtral de Oscar Wilde s’exprime ici dans toute sa splendeur.
Rien ne manque dans le développement de cette intrigue échevelée
où tout le monde court après le bonheur. Sous les répliques assassines
perce l’esprit critique de l’auteur face à la société de son temps
qui l’a tant fait souffrir: l’hypocrisie de l’Eglise, le snobisme
et la bêtise de la bourgeoisie, les errances de l’éducation. Dans
cette nouvelle version, Pierre Laville s’attache à mettre en relief
la satire de la pièce, adaptant un dialogue savoureux, dont les
comédiens s’emparent avec délectation. Grâce à une mise en scène
délicieusement classique et habilement parés par Nathalie Delapierre,
il sont tout à fait représentatifs de cette bourgeoisie et jouent
leur rôle avec beaucoup de talent. Théâtre Antoine 10e.
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