L'ILLUSION
COMIQUE
Article
publié dans la Lettre n° 258
L’ILLUSION COMIQUE de Pierre Corneille.
Mise en scène Marion Bierry avec Bernard Ballet, Daniel Besse, Stéphane
Bierry, Arnaud Décarsin, Christine Gagnieux, Raphaëline Goupilleau,
Vincent Heden, Elisabeth Vitali.
Pridamant, un père trop sévère, que Marion Bierry a métamorphosé
en mère dans son adaptation, a perdu l’affection de son fils Clindor.
Eplorée, elle demande son aide à Dorante qui lui présente le magicien
Alcandre. Il la reçoit et lui permet de voir sans être vue ce que
devient ce fils banni. Impuissante, elle assiste aux mésaventures
de Clindor. Après avoir fait bon nombre de tous les métiers du monde,
il sert Matamore, personnage aussi présomptueux qu’extravagant.
Il courtise Isabelle, l’objet des désirs de son maître, et s’en
fait aimer, tout en lorgnant la suivante qui la sert. Clindor va
vivre des événements sources d’amour, de corruption, de fuite, d’union
et de trahison. Apparaît alors à la mère une scène tragique durant
laquelle son fils meurt. Elle apprendra qu’ils ne sont ici que les
acteurs dans des rôles imaginaires et que la fin tragique en cache
une autre plus sereine. Cependant cette représentation la transformera.
Elle découvrira que son fils a trouvé sa voie et sans doute le bonheur,
non dans les honneurs et dans la richesse selon ses critères, mais
dans une troupe de théâtre.
Un premier acte qui sert de prologue, trois actes de comédie, un
dernier de tragédie composent ce que Corneille a nommé lui-même
« un étrange monstre ». Théâtre dans le théâtre, L’Illusion
Comique (1636), oeuvre de jeunesse peu souvent portée à la scène,
est une fable étonnante sur ce que l’on voit ou sur ce que l’on
croit voir, à l’instar de Matamore qui vit dans et de ses rêves,
ne sachant plus démêler la réalité de l’irréalité. La beauté de
certains alexandrins annoncent ceux du Cid qu’il écrit la même année:
« Je suis dans la misère, et tu n’as point de bien ; Un rien
s’assemble mal avec un autre rien ». Et tout comme Le Menteur,
écrit huit ans plus tard, elle annonce dans les actions de ses personnages
ceux de Marivaux, celui de Lisette dans La mère confidente,
par exemple.
Marion Bierry s’attaque à ce « monstre » avec une audace digne d’un
matamore ! Mettre en scène une œuvre semblable sur la scène du Théâtre
de Poche est tour de force mais elle s’en tire remarquablement,
bouclant le tout en deux heures d'horloge. Sa mise en scène très
dynamique met en relief la principale qualité de l’œuvre: le rythme
et la rapidité des événements que les comédiens exploitent avec
agilité, jouant, changeant les décors, poussant même parfois la
chansonnette! Corneille est né le 6 juin 1606, il y a tout juste
quatre cents ans. Cette naissance aurait sans doute mérité d’être
plus célébrée. Théâtre de Poche Montparnasse 6e (01.45.48.92.97).
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