HYSTERIA

Article publié dans la Lettre n° 208


HYSTERIA de Terry Johnson. Mise en scène John Malkovich avec Pierre Vaneck, Marie Gillain, Vincent Elbaz, Roger Dumas.
Hampstead. Une maison avec vue sur un jardin anglais. Sigmund Freud est malade. Le cancer de la mâchoire qui le dévore, devient intolérable. Il est de mauvaise humeur. Son prestige mondial lui a permis de s’exiler en Angleterre, loin des nazis. Il a reconstitué l’atmosphère de son célèbre bureau avec la collection de statuettes de divinités, les épais tapis propres à recevoir les confidences les plus étonnantes. Cette journée est un cauchemar. Il souffre. Son médecin et vieil ami Yahuda le sermonne. Si certains anglais ont un cadavre dans leur placard, Freud a une ravissante jeune fille dénudée. Jessica réclame à cor et à cri une analyse. Un malheur n’arrive jamais seul. Un hidalgo excentrique vient rendre hommage au dénicheur de l’inconscient. Le peintre Salvador Dali est extravagant. La rencontre redoutée de l’insupportable Jessica et du surréaliste anime le bureau d’une sarabande de complications que le psychanalyste débordé n’arrive plus à endiguer, affolé, de plus, par l’oeil critique de Yahuda. C’est Hellzapoppin chez Freud! Hysteria a fait le tour du monde. John Malkovich a déjà mis en scène l’étonnante pièce à Chicago. Terry Johnson s’est appuyé sur la rencontre historique de Dali et Freud, ce dernier étant fort réticent car il avait une piètre opinion des surréalistes. Le personnage de Yahuda est un mélange du professeur et du médecin Max Shur. Quant à Jessica, elle est un savant mélange de plusieurs patientes. Terry Johnson a jeté l’auteur de « Totem et tabou » dans une situation de vaudeville avec des personnages paroxystiques, le forçant à mentir et à dissimuler la simple vérité des faits. La pièce peut déconcerter un esprit cartésien mais il s’agit d’une fantaisie hystérique, onirique, faisant des gammes talentueuses sur l’interprétation des rêves. Il faut se laisser emporter par les situations burlesques où les vieux démons de Freud se réveillent. Le décor de Pierre-François Limbosh joue un rôle capital et s’anime pour composer un cauchemar digne de Dali. Le spectacle est joué magistralement. Pierre Vaneck compose un Freud jeté dans une fantaisie qui le dépasse. Alternant la gravité doctorale à une loufoquerie inhabituelle, il est magnifique. Marie Gillain est une actrice inventive. Drôle, insupportable, virevoltante, elle donne la réplique à un Vincent Elbaz plus ibérique que Dali. Il est drôlissime! Roger Dumas, parfait, complète ce quatuor talentueux.Un spectacle qui surprend, étonne et bouscule. Théâtre Marigny 8e (01.53.96.70.00) jusqu’au 19 janvier 2003.


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