HEDDA
GABLER
Article
publié dans la Lettre n° 219
HEDDA GABLER de Enrik Ibsen. Adaptation
François Regnault. Mise en scène Roman Polanski avec Emmanuelle
Seigner, Guillaume de Tonquédec, Pascale Arbillot, Jean-Paul Solal,
Erik Deshors, Michèle Ernou, Sylvie Herbert.
Fille du général Gabler, Hedda fut en sa prime jeunesse une jeune
fille indépendante et libre, courtisée par de nombreux prétendants.
Une relation trouble la lia un moment avec Eilert Lovborg, un écrivain
dont la vie dissolue fit scandale. Elle a épousé Jorgen Tesman et
revient d’un voyage de noces de cinq mois. Pourquoi a-t-elle accepté
la main de Jorgen, ce garçon sans fortune, élevé par ses tantes
et qui pour lui plaire vient de lui offrir cette maison bien au-dessus
de ses moyens, qu’elle disait aimer? Le conseiller Brack, qui s’est
occupé des affaires de Jorgen et a installé la maison durant leur
absence, s’interroge sur ce mariage, car il connaît depuis longtemps
le caractère entier et épris d’absolu de la fille du général. Hedda
rentre de son voyage de noces déçue et désillusionnée. Aimant la
vie sociale, les dîners et les honneurs, elle se rend compte que
son époux ne peut lui offrir qu’une vie médiocre, solitaire et dépourvue
du rang social qu’elle désirait. Après avoir eu l’heureuse surprise
d’apprendre qu’il allait être nommé docteur ce qui va lui donner
une fonction, Jorgen apprend qu’Eilert Lovborg est en ville, après
plusieurs années passées au loin comme précepteur chez le préfet.
Il a lié avec madame Elvsted, la femme de ce dernier, des liens
plus qu’amicaux. Elle l’a aidé à écrire un livre qui vient d’être
publié et qui reçoit un accueil enthousiaste. Ce succès remet en
cause la nomination et la fonction promises à Jorgen. Si celui-ci
est anéanti par cette nouvelle, Eilert représente pour Hedda un
passé qu’elle veut oublier. De plus il met en relief la médiocrité
de son mari. Frustrée d’idéal et d’amour, toujours en quête d’absolu,
elle hait la médiocrité et la lâcheté. Tout en se servant de son
mari et de Madame Elvsted, elle va pousser Eilert à la faute. Mais
confrontée à un chantage odieux, elle ira jusqu’au bout, se jouant
ainsi la comédie de l’héroïsme.
Lorsqu’il écrit Hedda Gabler, Enrik Ibsen est parvenu au
sommet de son art. Exalter la personnalité, vilipender la lâcheté
et le conformisme lui ont inspiré Brand écrit en 1866. Il
reprend ces thèmes dans Hedda Gabler mais plutôt dans un
registre social et éthique que poétique et symbolique. Très représentative
de son théâtre, cette pièce qui décrit remarquablement une époque
et un caractère de femme souffre d’une mise en scène trop conventionnelle
qui ne met pas en valeur le personnage principal. Emmanuelle Seigner
ne parvient pas à entrer pleinement dans son rôle. Sa prestation
dans Fernando Krapp m’a écrit cette lettre (n°176) prouve
qu’elle peut interpréter une Hedda convaincante. Elle en a la présence,
elle sait son rôle, et possède la diction, mais il lui manque les
intonations qu’elle n’obtiendra que si elle surmonte une peur qui
la paralyse. Les comédiens qui lui donnent la réplique sont excellents,
les décors et les costumes superbes. Théâtre Marigny-Robert Hossein
8e (01.53.96.70.00). Lien: www.theatremarigny.fr
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