LES HABITS DU DIMANCHE

Articles publiés dans les Lettres n° 181 et 191



LES HABITS DU DIMANCHE
de et avec François Morel. Mise en scène Michel Cerda.


1er article (Lettre 181). Dans la famille, il y a la mère. Elle avait un rêve, celui d’être Edith Piaf. Elle disait souvent: «Je serai vedette de la chanson, ou je ne serai rien »! Elle a tenu parole.
Dans la famille, il y a le père. Il travaille pour les camemberts Le Prince. Il y a la soeur, l’aînée, Marilyn. Elle est magique. Mais prenez-garde à ne pas lui demander si c’est comme « Marilyn Monroe », vous vous éviterez une réponse cinglante. Dans la famille il y a aussi le petit frère. On n’en parlera pas beaucoup, un petit frère, c’est un petit frère, voilà tout. Et puis, il y a notre conteur. Dans la famille, c’est le cadet, ce n’est pas une situation. Notre héros du quotidien ouvre les yeux sur la vie. Il voit son grand-père vieillir, sa soeur prendre de la poitrine. Il imagine ce que serait sa vie s’il était malade. Etre malade, le rêve! tout le monde le chouchouterait.
François Morel s’est fait connaître avec les Deschiens. Seul en scène avec une fanfare, il déambule au milieu du formidable décor d’Anita Renaud. Les Habits du Dimanche est une chronique touchante et drôle. Chacun trouvera un vêtement à sa taille dans ce spectacle rafraîchissant et pétri de sensibilité. Théâtre 71- Malakoff 92 (01.46.55.43.45).


2e article (Lettre 191). Etre l’aîné, le second ou le cadet, est-ce mieux, est-ce pire, est-ce ni mieux ni pire? C’est la grande question dont débattent régulièrement Adrien, Maryline, sa soeur aînée, dite « Ryline », et Sébastien, le cadet.
Cette question fondamentale est le fil conducteur du spectacle que Philippe Morel, alias Adrien, gamin des années cinquante, né entre Ryline et Sébastien et dont l’enfance fut marquée par ces années de l’après-guerre durant lesquelles une génération de parents eut fort à faire pour reconstruire le pays.
François Morel fut durant de longues années le compagnon de travail de Jérôme Deschamps et de Macha Makeieff dont il a en commun le génie de raconter les choses les plus simples, à l'italienne, à la limite entre le tragique et le comique. Evoluant dans un décor très astucieux, et grâce à la mise en scène pleine de vivacité de Michel Cerda, il évoque sans temps morts, les souvenirs personnels ou communs de toute une génération. Les cinquantenaires se retrouveront tout particulièrement dans cette époque encore proche dans leur mémoire. En même temps que fusent les réflexions d’Adrien, reviennent les mêmes interrogations, les mêmes peurs, les mêmes espoirs et les mêmes rêves de l’enfance. Pour Adrien, cette enfance, ce fut l'attention tendre d’une maman au foyer qui a sacrifié une carrièreprometteuse à sa famille, l’admiration passionnée pour sa grande soeur, le sentiment d'indifférence protectrice pour le cadet, l’affection pour le grand-père dont les aphorismes et les a priori péremptoires remplissaient la maison et celle aussi pour le père et sa fromagerie que l’on n'a pas toujours eu le temps ni la patience de comprendre avant de le revêtir de ses habits du dimanche pour le dernier voyage. Tous ces souvenirs, bercés par celui des chansons de l'incontournable Tino Rossi, sont un peu les nôtres, un rendez-vous avec le passé, à la fois nostalgique et cocasse mais où perce à chaque détour de phrase l’émotion, le souvenir d’un moment de la vie que l’on a dû quitter à regret pour devenir adulte. Théâtre de la Renaissance 10e (01.42.08.18.50).


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