GROSSE CHALEUR

Article publié dans la Lettre n° 236


GROSSE CHALEUR de Laurent Ruquier. Mise en scène Patrice Leconte avec Brigitte Fossey, Catherine Arditi, Annick Alane, Pierre Benichou, Jean Benguigui, Benoit Petitjean.
Le mot canicule est devenu tragiquement célèbre l’an passé lorsqu’il
eut pour conséquence un nombre alarmant de décès de personnes âgées. De nombreux articles indignés mirent alors en cause les pouvoirs publics, les médecins et le personnel médical. Personne n'évoqua l’insouciance de certains proches, partis en vacances, livrant ainsi leurs anciens à la sollicitude d’autrui ou aux mains du destin. L’occasion était belle: Laurent Ruquier écrivit Grosse chaleur. Cadre idyllique: le salon-terrasse d’une jolie villa dans le Luberon, occupée par son propriétaire, un haut fonctionnaire, sa femme, son fils et sa belle-mère. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si, outre cette dernière qui lui tape sur les nerfs, il ne devait supporter pour le week-end la présence de la demi-soeur de sa femme et son beau-frère, commerçants de farces et attrapes. Ce couple facétieux, dépourvu de toute culture, si importante pour nos hôtes, mais dotés d’un solide bon sens, va chambouler les précieuses vacances du haut fonctionnaire qui aimerait oublier labeur, capitale.... et sa vieille mère. Celle-ci est sortie de son esprit depuis plus de six mois, date de son dernier coup de téléphone. Elle vit à Paris en cet été 2003, peut-être faudrait-il s’en soucier? Elle va tout à coup se rappeler à la mémoire de ce fils oublieux, dans des conditions fort déplaisantes.
Qui n’a pas entendu ou vu les émissions caustiques de Laurent Ruquier à la radio, à la télévision, ou assisté à l’un de ses spectacles? Son ironie, sa verve, ses réflexions assassines transparaissent dans cette pièce où tout en croquant avec mordant quelques spécimens de notre société, il remet quelque peu les pendules à l’heure sur le fameux sujet, replaçant les responsabilités là où elles ont été omises. Les répliques sonnent bien. Ses cinq personnages se chamaillent dans le ravissant décor de Stéphanie Jarre pour la plus grande joie des spectateurs. Les comédiens qui les interprètent, sous la houlette de Patrice Leconte, font de leur mieux même si la mise en scène s’essouffle parfois. On retiendra surtout l'excellent jeu d’Annick Alane, toujours parfaite, jouant une belle-mère fine mouche, celui de Jean Benguigui, beau-frère plein de ressources, de Catherine Arditi, irrésistible en demi-soeur nunuche et de Benoit Petitjean, nouveau venu sur les planches et dont la prestation est pleine de promesses. Théâtre de la Renaissance 10e (01.42.08.18.50).


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