LE GRAND BAIN

Article publié dans la Lettre n° 299


LE GRAND BAIN de Clément Michel. Mise en scène Stéphane Boutet avec Aurélie Bargème, Vanessa Guide, Maud Le Guenedal, Yannik Mazzilli, Clément Michel, David Roussel.
Malgré son boulot hyper chaud de directeur d’une agence de pub, Franck a loué sur Internet une maison avec piscine pour y passer une semaine de vacances avec ses copains. Il est accompagné de Damien, un écrivain qui termine un roman depuis… depuis... longtemps et qui squatte chez lui, et de Géraldine, sa petite amie qui, elle, habite ailleurs. Arrivés de nuit, ils ont vaguement aperçu la piscine dans le parc. Le matin venu, ils prennent possession des lieux avec bonheur, bonheur très rapidement interrompu par un cri déchirant, celui de Géraldine, partie piquer une tête dans la piscine : ils n’avaient pas rêvé. Celle-ci est bien là, « très grande, très belle, très profonde… mais très vide » ! Le propriétaire, joint difficilement, car le réseau est capricieux, donne une explication fumeuse à ce « préjudice » inacceptable. Franck lui donne vingt-quatre heures pour trouver une solution. Mais ses problèmes ne s’arrêtent malheureusement pas à la piscine. Christophe, son associé, l’appelle. Le contrat passé avec une très célèbre marque de couches-culottes ne se conclut pas comme il le souhaite. Il faudrait qu’il rentre. Fabienne, l’ex de Damien, arrive sans son ami Patrice. Celui-ci a raté le train et va profiter de la voiture de Pierre et Sabine, accompagnés de leur bébé de quatre mois. Face à la piscine, la consternation est générale sauf celle de Patrice qui joue l’arlésienne. Fabienne se pend à son portable qui n’a curieusement aucun problème de réseau et donne chaque fois une bonne raison à ce retard. Frustrés par ledit préjudice, les six amis ont de quoi se chipoter entre le budget que Damien, un peu radin, s’obstine à vouloir diviser par sept malgré l’absence de Patrice, les courses, la conception des menus, le confort inégal des lits ou l’espace des chambres. Durant cette semaine cependant, leur amitié n’en sera pas écornée mais bien au contraire confortée. Une piscine vide dans une maison de vacances !
Toute la pièce repose sur cet argument ténu et pourtant, pas une once d’ennui. Le texte de Clément Michel, à l’instar de ses pièces le Carton et Début de fin de soirée, est désopilant. Les effets de lumière éclairent judicieusement le décor où les journées, rythmées par le soleil ou la lune, s’enchaînent avec rapidité. Grâce à un texte bien écrit et un bon mot à chaque réplique, il brosse un portrait très vrai d’une génération à laquelle tout spectateur peut s’identifier. L’amitié solide est parfois émaillée par les petites rancoeurs, une pointe de jalousie, mais tous se serrent les coudes devant les petits aléas de la vie. La mise en scène très enlevée ne laisse aucun répit aux comédiens qui interprètent leur rôle avec justesse et talent. Cette comédie sans prétention est une bouffée de fraîcheur, où la détente n’est pas seulement l’apanage des six vacanciers en mal de piscine. Théâtre Michel 8e.


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