GARDE ALTERNÉE

Article publié dans la Lettre n° 395
du 11 avril 2016


GARDE ALTERNÉE d’Edwige Antier et Louis-Michel Colla. Mise en scène Hervé Van Der Meulen avec Patrick Poivre d’Arvor, Alexandra Kazan, David Brécourt, Camille Aguilar, Mathias Huguenot, Alexandra Sarramona.
David Truman, éminent pédopsychiatre, auteur de multiples ouvrages, habitué des plateaux de télévision et professeur encore poursuivi par les assiduités de ses jeunes étudiantes en dépit d’une certaine maturité, a refait sa vie avec Catherine, l’une de ses anciennes étudiantes. Ils partagent le même cabinet. Catherine se dédie à résoudre les problèmes des femmes, David a opté pour le soin des enfants. Fervent adepte de la garde alternée, ce dont Catherine a fait les frais en lui élevant en partie les siens, il laisse pourtant la décision à ceux qui lui sont confiés. Leur relation a atteint la sérénité des couples conscients des réalités mais si Catherine mène en solo sa vie professionnelle, on sent David très dépendant d’elle et de ses avis.
Un couple séparé attend le pédopsychiatre dans la salle d’attente. Pierre, avocat de son état, souhaite avoir la garde alternée de son fils Romain, un adolescent rebelle de quinze ans, ce que refuse Audrey, son ex-femme, qui se prévaut du refus de Romain d’aller vivre chez son père. Elle vit avec un artiste divorcé qui a élevé Myriam, dite Mimi, la fille de sa première épouse. La jeune fille, âgée de dix-sept ans, donne des cours de soutien à Romain. David écoute les arguments avancés par les deux parents. Il les a sans doute maintes fois entendus : « Je ne veux pas que mon fils vive avec son gigolo», « Je ne veux pas que mon fils vive chez un père qui ne s’est jamais occupé de lui ». La tension est à son comble mais David leur explique que l’essentiel est de savoir ce que souhaite vraiment leur enfant. Après convocation, voici l’adolescent mal embouché, venu à contre cœur, le mot est faible, chez le « bouffon », comme l’ont exigé ses parents. Les premières séances sont chaotiques. Comme tous les adolescents mal dans leur peau, Romain est violent et peu enclin à faire confiance, donc à se confier. Le travail du pédopsychiatre est de désamorcer l’agressivité de son patient et d’être à son écoute afin de l’amener à réfléchir, un travail complexe à en juger les confidences des uns et des autres. Mimi, venue le consulter pour la conduite à tenir face à une grossesse qui la prend de court, finit par lui avouer avoir mis en pratique un peu légèrement avec Romain les cours de SVT sur la reproduction. Romain, quant à lui, se civilise peu à peu. Il confie émettre des doutes sur la paternité de son père...
On suit avec un intérêt croissant les péripéties conduites par l’expérience d’une professionnelle rompue au métier de psychologue et par un auteur rompu à l’écriture. La pièce tend à démontrer que si les pères valorisaient leurs enfants et les assuraient de leur amour plutôt que de les abreuver de griefs, les mères seraient moins possessives et les pédopsychiatres verraient leurs agendas grandement allégés !
Le travail énergique d’Hervé Van Der Meulen met parfaitement en scène les sept tableaux qui ponctuent les séances. Patrick Poivre d’Arvor, excellent David, joue la note juste de la sobriété. Alexandra Kazan lui donne la réplique dans le rôle de Catherine avec un talent maintes fois reconnu dans les différents domaines qui sont les siens. Un avenir prometteur s’ouvre aux deux jeunes comédiens. Théâtre de La Gaîté-Montparnasse 14e.

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