FUTUR
CONDITIONNEL
Article
publié dans la Lettre n° 208
FUTUR CONDITIONNEL de Xavier Daugreilh.
Mise en scène Nicolas Briançon avec Nicolas Briançon, Gwendoline
Hamon, Roland Marchisio, Marie Piton.
Céline est sur les dents. Responsable d’une galerie d’art depuis
peu, elle organise sa première exposition, une série de sculptures,
qui n’en ont que le nom, d’un certain Yvon, artiste surréaliste
qui se cherche depuis pas mal de temps. Il déambule d’ailleurs,
assez inquiet, au milieu de ses oeuvres, interrogeant les invités
pour se rassurer. Il croise François qui a d’autres chats à fouetter.
Il voudrait bien savoir pourquoi Céline a rompu depuis trois semaines.
Une sombre histoire de fourchette dans un restaurant, lui assène-t-elle
péremptoire, prétexte aussi féminin que féministe dont seules les
femmes comme Céline ont le secret. Femme, François en attend une,
Véronique, sa soeur, qui a oublié l’heure dans sa baignoire. Elle
adore les bains avec beaucoup de mousse, invoque-t-elle, lorsque
son frère la dispute sans conviction parce qu’il l’aime, malgré
son fichu caractère, comme elle l’aime de retour, s’accrochant tous
les deux à leur enfance, faite de souvenirs communs, et n’entrevoyant
pas leur avenir sans la présence rassurante de l’autre. Un verre
à la main, tout en tentant d’éviter l’écueil des oeuvres, Céline,
Yvon, François et Véronique, se croisent, commencent un semblant
de conversation, puis se perdent, sans savoir que leur destin est
lié.
Tendre, ironique et émouvante sont les qualificatifs les plus appropriés
pour étiqueter cette comédie bien dans l’air du temps, aux personnages
sympathiques, dont le futur reste par leur propre faute au conditionnel.
A force de s’évaluer, de s’étudier eux-mêmes, tel Narcisse au bord
de l’eau, d’avoir peur de l’opinion d’autrui et peur d’aimer, tout
en désirant l’être, ils ont cessé de regarder les autres et surtout
d’être à leur écoute. Il va leur falloir renouer avec la carte du
tendre et tourner le dos aux apparences et aux a priori.
La mise en scène très rythmée de Nicolas Briançon colle au plus
près l’esprit de la pièce, mettant en valeur par des jeux de scène
bienvenus, les répliques percutentes et drôles que font fuser quatre
excellents comédiens, dont le metteur en scène. Une mention particulière
toutefois à l’égard de Roland Marchisio, excellent dans le rôle
d’Yvon. Une comédie légère comme une bulle de savon qui sonne aussi
juste que les précédentes: Accalmies passagères et Itineraire bis,
du même auteur, dont le talent est à suivre de près. Théâtre
Tristan Bernard 8e (01.45.22.08.40).
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