LA
FORME DES CHOSES
Article
publié dans la Lettre n° 280
LA FORME DES CHOSES de Neil Labute.
Adaptation John Thomas. Mise en scène Adrian Brine avec Julie Delarme,
Jérôme Foucher, Marie-Julie Baup, César Méric.
Une superbe statue en pied occupe l’espace du musée. Censée représenter
Dieu, sa nudité est cachée par une feuille de vigne, placée là après
coup, à la demande des concitoyens pudibonds de la petite ville
américaine où vit Adam. Afin de financer ses études, celui-ci cumule
les emplois. Gardien au musée le jour, vendeur le soir. Au moment
où il va quitter son poste, survient Evelyn qui franchit le cordon
de sécurité, armée d’une bombe de peinture. Étudiante aux Beaux-Arts,
elle proteste contre la fameuse feuille de vigne, bien décidée à
taguer par dessus les véritables attributs du sujet. Cette rencontre
qu’Adam croit fortuite se poursuit. Une idylle naît entre eux. Evelyn
est merveilleuse. Maladroit et timide, il est amoureux pour la première
fois. Pour elle, pour lui plaire, il va perdre dix kilos, faire
de la musculation, changer de coiffure, abandonner ses lunettes
pour des lentilles, changer de vêtements. Il ira même plus loin….
Cette métamorphose progressive qu’Evelyne ne fait que suggérer énerve
Philipp, le meilleur copain d’Adam, qui ne reconnaît plus son ami.
« J’espère que la prochaine fois, je te reconnaîtrai » lui lance-t-il
en le quittant. Fiancé à Jenny, qui lui avait été présentée par
Adam, celui-ci s’apprête à franchir le pas du mariage sans conviction,
il n’a que vingt-deux ans. Après une première prise de bec entre
Philipp et Evelyn au sujet du tagage de la statue, les relations
entre les quatre amis prennent une tournure aussi inattendue que
l’œuvre qu’est en train de concevoir Evelyn pour passer son examen…
Neil Labute écrit une pièce originale dont la réflexion sur l’éthique
et la manipulation dans le monde de l’art et du couple est très
écrite, un peu dans le même esprit que le roman d’Eric- Emmanuel
Schmitt Lorsque j’étais une œuvre d’art. L’adaptation de
John Thomas traduit bien les relations et le langage du milieu étudiant
où se passe l’action, en respecte l’humour corrosif et la férocité
de la réflexion. La multiplicité des lieux et des scènes rend la
mise en scène compliquée. Grâce à une scénographie qui articule
de façon très judicieuse les différents éléments du décor, celle-ci
se déroule légère et sans temps mort, les meubles et accessoires
étant changés à vue par les comédiens. Tous les quatre, excellents,
donnent corps et âme de belle façon à cette œuvre inspirée et surprenante.
Petit Théâtre de Paris 9e (01.42.80.01.81).
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