FLEUR DE CACTUS

Article publié dans la Lettre n° 389
du 7 décembre 2015


FLEUR DE CACTUS de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy. Mise en scène Michel Fau avec Catherine Frot, Michel Fau, Cyrille Eldin, Mathilde Bisson, Wallerand Denormandie, Marie-Hélène Lentini, Frédéric Imberty et Audrey Langle.
Le cabinet dentaire de Julien ne désemplit pas. Stéphane, son assistante, veille à ce que les rendez-vous se succèdent sans anicroche, tout comme elle veille sur son patron dont elle est secrètement amoureuse. Si elle admire le dentiste, elle admire moins l’homme qui collectionne les maîtresses en bon célibataire, leur faisant croire qu’il est marié pour le rester. Cette fois, pourtant, Julien semble vraiment amoureux d’Antonia au point de vouloir l’épouser. Mais comment avouer à la jeune femme qui abhorre le mensonge qu’il n’est pas marié, d’autant qu’il s’est inventé trois enfants ? De là à faire passer Stéphane pour sa femme afin de rassurer Antonia sur sa bonne volonté de divorcer, il n’y a qu’un pas que Julien traverse sans état d’âme. Mais lorsqu’Antonia demande à faire connaissance de l’amant présumé de ladite épouse afin de s’assurer qu’elle est dans de bonnes mains, les choses se compliquent…
Barillet et Gredy, ce tandem évoque toute une époque que seul Michel Fau peut réveiller avec le talent qu’il a démontré en recréant il y a quelques mois Un amour qui ne finit pas d’André Roussin (Lettre 384). Il aborde cette comédie pleine de rebondissements avec la méticulosité qui fait sa réputation, tirant délicieusement parti des dialogues. Le décor est à lui seul tout un programme. Il faut voir Catherine Frot pousser son meuble d’accueil sur la scène pour suggérer le cabinet dentaire ou Mathilde Bisson en basculer l’un des éléments pour créer une boutique de disques ! L’imagination de Bernard Fau est sans limites pour que ces changements très nombreux ne viennent interrompre le rythme. Les costumes provoquent la nostalgie d’un temps où les vêtements bien coupés ressemblaient encore à quelque chose. Le mini kilt porté par Mathilde Bisson, la robe du soir de Catherine Frot et les ensembles de Marie-Hélène Lentini semblent tout droit sortis des années 60. L’interprétation de Michel Fau, dentiste tête à claques, menteur comme un arracheur de dents (oui, c’est un peu facile !), tellement préoccupé par lui-même, laisse pantois. Sa surprise est divinement jouée lorsqu’il réalise qu’il a cherché très loin ce qu’il avait à sa portée. Catherine Frot est époustouflante. Un geste, une expression et elle passe avec un naturel désarmant de la rigidité que lui impose son rôle d’assistante à l’émotion de la femme amoureuse. Mathilde Bisson joue une Antonia très craquante. Les seconds rôles mettent leur grain de sel avec humour : Wallerand Denormandie, Marie-Hélène Lentini, Frédéric Imberty, Audrey Langle et Cyrille Eldin sont excellents. Théâtre Antoine 10e.


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