LA FEMME DU MICHEL ANGE
Article
publié dans la Lettre n° 364
du
10 février 2014
LA FEMME DU MICHEL ANGE de Éric Assous.
Mise en scène Anne Bourgeois avec Véronique Boulanger.
Lorsqu’elle entre dans une pièce, le regard suit immanquablement
la démarche d’une femme telle que celle-ci. Élancée, les cheveux
sur les épaules comme une parure, elle a un chic fou dans sa robe
rouge de bonne facture. Guère étonnant que l’avocat fiscaliste,
assis dans le salon du bar de l’hôtel Michel Ange, la voyant assise
là, apparemment oisive, se soit approché et lui ait demandé : «
Vous prenez cher ? », insistant, faisant fi de son incrédulité:
« C’est combien, quoi ?» Elle avait rendez-vous avec son amie Florence,
une originale qui couche et boit comme elle respire, mais
qui est son amie. L’attente se poursuivant, l’avocat l’a prise pour
l’une de ces prostituées de luxe. Elle ne l’a pas giflé, sa question
pour le moins inattendue l’a étonnée. Puis amusée, elle s’est renseignée
sur le prix pratiqué. Louis-Marie Hautefeuille a alors compris qu’elle
n’exerçait pas le plus vieux métier du monde, l’a priée de l’excuser
de sa bévue, mais a tout de même posé sa carte de visite sur la
table avant de s’éclipser.
1500 euros pour monter dans une chambre quelques heures, cela fait
réfléchir une femme sans profession, mère d’une fille de seize ans
et remariée à un homme qui a lui-même un fils, surtout lorsque cet
homme n’est pas une bête féroce, plutôt un animal de compagnie
et qu’on ne peut pas dire qu’il abuse de ses prérogatives !
Elle ne peut s’empêcher de raconter cet incident à Florence qui
l’encourage à rappeler l’inconnu. Plus elle y pense, plus l’homme
occupe ses pensées, plus elle a envie de tenter l’aventure, juste
une fois, histoire de rompre la monotonie de son existence.
Elle saute le pas. Louis-Marie se montre attentif, précautionneux,
tendre. Les comparaisons sont inévitables, surtout qu’il y a quelques
bonnes surprises lorsqu’il se déshabille. Reste la question
des 1500 euros…
La reprise de cette pièce est une véritable opportunité pour qui
l’a manquée lorsqu’elle était à l’affiche la saison dernière. Éric
Assous cerne si bien l’âme féminine, ses élans et ses rêves mais
aussi le caractère des hommes. Son écriture belle, précise, vive
et pleine d’humour est un enchantement dans la bouche de Véronique
Boulanger, comédienne lumineuse, portée par une belle mise en scène,
idéale pour raconter cette aventure, d’un air à la fois surpris
et détaché de bon aloi. Théâtre de Paris - Salle Réjane 9e.
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