FAUT-IL TUER LE CLOWN ?

Article publié dans la Lettre n° 196

FAUT-IL TUER LE CLOWN ? de Jean-François Champlon. Mise en scène Jean-Pierre Dravel, Olivier Macé avec Michel Roux, Daniel Jean, Emeric Marchand, Alexandra Stewart, Jean-Yves Chilot, Michèle Kern, Frédéric Sahner.
Ferdinand Broquelier a tout eu dans la vie, la réussite, les honneurs, l’amour. Il vit une retraite dorée dans sa maison, entouré de ses souvenirs sous l’oeil amical de Roberto, son secrétaire et ami jongleur. Le salon est un vrai musée du cirque à la gloire des clowns, car Ferdinand est le célèbre Brock, du couple Brick et Brock. Le maître de maison a revêtu sa tenue de piste et son nez rouge. Un jeune homme fait irruption maladroitement. Il tient son revolver avec une conviction aléatoire, sa mission est de tuer le clown, Ferdinand étant le commanditaire de sa propre mort. Pourquoi? Mais Alain, l'apprenti tueur, manque d'expérience. C’est un petit gars paumé, entraîné dans les mauvais coups malgré lui, renégat de la syntaxe, qui se retrouve face à l’idole de son enfance. Les lumières de la piste aux étoiles scintillent à nouveau.
Jean-François Champion a écrit une pièce qui utilise dans sa première partie tous les ingrédients classiques d’une comédie policière qui glisse dans un univers poétique. Jean-Pierre Dravel et Olivier Maci ont confié le décor à la talentueuse Stéphanie Jarre. Le décor est un personnage de la pièce qui apporte du sens. Il est superbe le tableau où Alain prend possession des lieux, explore cette caverne d’Ali-Baba comme un enfant à Noël, animant les automates, faisant surgir des diablotins, une pluie d’or inondant le jeune garçon qui transcende un interdit. Les metteurs en scène sont les fils du succès, pas grisés mais galvanisés par leur Molière pour Ladies Night, ils réalisent un spectacle plein de nuances. Tout le monde connaît Michel Roux et son immense expérience de la scène. Dans cette pièce, qui explore des zones peu visitées au théâtre de boulevard, il peut exprimer toutes les couleurs de son talent. Il offre une composition tout en finesse et en sobriété, tout en donnant une leçon de générosité. Avec Daniel Jean, inénarrable, Alexandra Stewart, superbe et juste, Emeric Marchand aussi séduisant que talentueux, nous assistons là à un vrai bonheur de théâtre. Théâtre Comedia 10e (01.42.38.22.22).

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