EXISTENCE

Article publié dans la Lettre n° 353
du 15 avril 2013

EXISTENCE d’Edward Bond. Traduction Michel Vittoz. Mise en scène et scénographie Christian Benedetti avec Benjamin Jungers, Gilles David.
Nuit sur la ville, rues désertes. Obscurité et silence dans l’appartement de Tom. S’il dort, il est réveillé par un bruit non équivoque. Quelqu’un force la porte d’entrée et pénètre chez lui. X veut de l’argent. Il invective Tom, le moleste, l’attache sur une chaise et le bâillonne. Il fouille l’appartement de fond en comble, dévaste les lieux avec rage. Les insultes se poursuivent, il veut en fait beaucoup plus que de l’argent et son exigence ne laisse pas de surprendre. Tom accuse les coups, se tait, et pour cause. Une fois le bâillon retiré, X s’aperçoit que tout échange est impossible. Le mutisme et le calme apparent de sa victime le désorientent. Il refuse le dialogue que Tom lui propose et sort une arme.
Edouard Bond explore le comportement de deux hommes face à une situation extrême. Où l’agresseur et l’agressé vont-ils puiser leurs ressources, qu’est-ce qui guide leurs décisions ? L’existence qui les a forgés n’en est-elle pas le berceau ?
Travailler sur un sujet comme celui-ci est une formidable opportunité pour tout metteur en scène. Christian Benedetti accompagne cet affrontement, plongeant sans ambages la scène dans le noir presque total. L’obscurité ne permet de distinguer qu’une vague silhouette, celle de X. Mais de scène en scène, le filet de lumière s’épaissit, laissant percevoir la silhouette de Tom, puis se porte sur les deux hommes enfin sous la lumière. Les deux comédiens sont excellents. Le jeu nerveux de Benjamin Fortin, très crédible en petite frappe prête à tout, suggère bien les limites de son personnage. La présence de Gilles David est palpable même si on ne le distingue que très tardivement. C’est aussi ce genre de rôle qui témoigne d’un grand talent. Comédie-Française-Studio-Théâtre 1er.

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